Des rayons entiers vidés de leurs produits. Papier toilette, pâtes, légumes secs, lait concentré... Tout a disparu. Dans un supermarché de la banlieue aisée d'Athènes, à Glyfada, certains riverains semblent avoir paniqué, se précipitant sur les produits de première nécessité.
Autant de signes d'une angoisse latente, à la veille du référendum sur la série de mesures d'austérité soumises à la Grèce par l'Union européenne et le FMI en échange de la prolongation de leur aide financière.
Et avec les limitations de retraits bancaires à 60 euros par jour et par personne, imposées par le gouvernement pour empêcher l'effondrement des banques, les Grecs concentrent leurs dépenses sur l'essentiel, dans de nombreux petits commerces qui refusent les cartes de crédit.
Lait concentré, café et sucre, pris d'assaut
Dans un supermarché du quartier de Pangrati, en revanche, les clients profitent de la possibilité de payer par carte pour faire des provisions. Un des clients, Alexandros Kakavas, observe que les comportements ont changé: "Je suis venu deux fois ce matin et il y avait plein de gens faisant leurs achats, en particulier du riz, des pâtes, des choses qu'ils peuvent garder longtemps"
"Je crois que ça va être encore plus grave si les banques ne rouvrent pas, et elles ne vont pas rouvrir très bientôt", craint M. Kakavas, pas convaincu que le contrôle des capitaux soit levé mardi, comme prévu.
Les rayons restaient cependant bien approvisionnés, à l'exception du lait concentré, du café et du sucre, pris d'assaut par les clients.
"Tout le monde essaye de réduire ses dépenses" hors produits de première nécessité, explique Manos. "Les gens réduisent les sorties, les apéros, les vacances, mais la vie quotidienne, acheter de la nourriture ou de l'essence pour sa voiture, c'est quelque chose qu'on ne peut pas arrêter"
"Nous achetons uniquement de la nourriture, juste de la nourriture, rien d'autre, seulement ce qui est nécessaire pour nos foyers", témoigne Marilena, employée d'un magasin de jouets du centre d'Athènes, qui voit moins de clients ces temps-ci. Avec le début de l'été, certains ont aussi fui la capitale et d'autres ont rejoint leur région d'origine pour aller voter dimanche.
“Des médicaments au cas où”
"Les quatre dernières années ont été très difficiles pour la plupart des gens. Nous avons appris à vivre avec moins d'argent, nous nous adaptons bien sûr mais nous ne pouvons pas aller plus loin", prévient-elle.
Dans un pays qui repose beaucoup, et plus que d'autres, sur le "cash", l'argent liquide dort ces jours-ci dans les poches et les tiroirs.
"Il n'y a pas de billets en circulation", déplore Theodor Veletzas, chauffeur de taxi, qui manque de clients.
Un commerce, en revanche, a vu sa fréquentation augmenter: la pharmacie de Yannis Triantaphilou, dans le centre d'Athènes: "Les gens se préoccupent d'avoir quelque chose à manger et d'avoir leurs médicaments donc il y a eu une augmentation des clients dans la pharmacie". Aspirine, antidouleurs, pilules contre la pression artérielle... "Ils achètent des médicament au cas où".