Emmanuel Macron n’est pas loin de donner un dernier coup de scie à la frêle branche sur laquelle il se maintient encore, avant une inexorable chute libre.
Alors qu’il s’apprête à boucler dans une semaine la première année de son second mandat à l’Elysée sous de mauvais auspices, et qu’à l’intérieur, le front social est en pleine ébullition, ces dernières semaines, le président français s’est mis à dos des milliers de Français à cause de son entêtement à faire adopter de façon cavalière une très controversée réforme des retraites.
Selon Le Monde de ce mardi 18 avril, Emmanuel Macron n’est pas au bout de ses peines puisqu’il s’est également fait de nouveaux ennemis au sein même de son establishment. C’est en effet au tour de la citadelle de la diplomatie française, le Quai d’Orsay, de lui reprocher «des positions mal comprises à l’étranger» et de la mettre «devant le fait accompli».
Une «polémique [qui] jette une lumière crue sur le mode de décision du chef de l’Etat sur le terrain diplomatique, qu’il considère plus que jamais, un an après le début de son second mandat, comme relevant de son pré carré, quitte à entretenir des relations tendues avec les diplomates de métier, voire à ignorer le Quai d’Orsay», soutient Le Monde.
Le quotidien donne en exemple de récentes sorties médiatiques intempestives et des prises de position d’Emmanuel Macron au cours de sa visite en Chine, du 5 au 7 avril dernier, alors même que Pékin et Washington se menacent sur la question de Taïwan. Une île que la Chine considère comme faisant partie intégrante de son territoire, alors que les Etats-Unis défendent quant à eux son indépendance.
Emmanuel Macron a ainsi réfuté tout «suivisme» à l’égard des Etats-Unis dans son bras de fer avec la Chine concernant Taïwan. «La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes sur ce sujet et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise», a déclaré le président français aux médias.
Le Monde estime qu’avec cette déclaration, Macron, qui dit refuser «la logique de bloc à bloc», accuse Washington d’être derrière l’escalade actuelle à Taïwan, poussant les Chinois à déployer leurs forces militaires autour de l’île rebelle.
Il est même allé jusqu’à exiger pour l’Europe ce qu’il appelle une «autonomie stratégique» vis-à-vis de Washington, cette fois-ci dans le conflit russo-ukranien, en vue de plaire à Moscou ou de ne pas l’«humilier», comme il a pu le dire auparavant.
Emmanuel Macron revendique-t-il ainsi un anti-atlantisme, lui qui a déjà décrété la «mort cérébrale de l’OTAN»? N’est pas le général De Gaulle qui veut…
Face au tollé soulevé au Quai d’Orsay par les «petites phrases» de Macron, c’est la cellule diplomatique de l’Elysée qui a joué les pompiers en tentant de clarifier certains propos présidentiels, comme le fait de préciser que «La France est pour le statu quo à Taïwan».
Mais cela n’est guère suffisant, car «le président n’en fait qu’à sa tête et les gens en ont marre de ramasser les morceaux, pour expliquer à nos interlocuteurs des positions mal comprises», a déclaré un cadre du Quai d’Orsay au Monde, pour exprimer le malaise qui sourde au sein des professionnels de la diplomatie française, qui se trouvent déjà d’humeur frondeuse, à cause d’un projet de refonte qu’Emmanuel Macron compte mettre en œuvre incessamment.
«Le président s’est lancé tout seul et ses déclarations ont pris de court le Quai d’Orsay. Les diplomates rament ensuite pour rattraper l’affaire», explique une autre source, avant qu’un diplomate étranger ne reconnaisse que «l’Elysée a compris son erreur, mais ne peut pas l’avouer, personne n’ose contredire le président. Au-delà de cette gaffe de communication, un tel fonctionnement peut poser un problème en cas de véritable crise, avec la Russie par exemple».
Et que dire alors si l’on y ajoute les multiples crises que Macron a créées avec certains pays amis et partenaires traditionnels de la France, comme le Maroc? Sans parler des nombreux Etats africains qui ont renvoyé, l’un après l’autre, les forces françaises ou de ces chefs d’Etat africains qui n’hésitent plus à rappeler à l’ordre Emmanuel Macron, les yeux dans les yeux, en exigeant davantage de respect.