Dans un projet de déclaration finale, ce jeudi 23 avril, les 28 s'engagent à tout faire "pour identifier, capturer et détruire les bateaux avant qu'ils ne soient utilisés par les trafiquants". Pour ce faire, les signataires vont mener une opération militaire, une première dans la lutte contre l'immigration clandestine. "C'est compliqué, cela prendra du temps, imposera un mandat des Nations unies, un accord du gouvernement libyen, la mobilisation de moyens militaires, et imposera d'accepter des pertes humaines", avertissent diplomates et experts.
L'Union européenne a décidé de tripler le budget de son opération de surveillance et de sauvetage en mer Triton, actuellement de trois millions d'euros par mois, pour prévenir de nouveaux drames de l'immigration en Méditerranée. "Nous voulons agir vite, ce qui signifie tripler les ressources financières" de cette opération, a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, à l'issue du sommet.
"Nous avons triplé Triton, alors que la proposition était de le doubler", a souligné le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Il a indiqué que les dirigeants européens avaient annoncé une hausse de leurs contributions, avec plus de navires qui vont patrouiller en Méditerranée, mais aussi des avions, des hélicoptères et du personnel.
Mme Merkel a confirmé que l'Allemagne était prête à mettre à disposition deux navires. La France a également annoncé la mise à disposition de deux navires, et la Belgique d'un. "Il est important que nous avancions sur tous les éléments pour que, si possible, une telle tragédie ne se reproduise pas" a-t-elle ajouté. Sur le mandat de Triton, "nous n'avons pas élargi aujourd'hui le champ opérationnel" permettant de sortir des eaux territoriales et d'aller plus près de la Libye. "Mais nous avons sans doute besoin de discuter cela de nouveau", a-t-elle reconnu.
Reste que ce sommet s’est achevé sur un goût amer, l’Union s’est, comme souvent, contentée d’un compromis minimal comme le souligne Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne : «J’aurais voulu que nous soyons déjà plus ambitieux. » Si les 28 s’en tirent au moins avec un résultat concret, le budget de l’opération Triton est triplé, passant de 2,9 à 9 millions d’euros mensuels, le volet de la solidarité demeure insuffisant et on a même assisté à un recul par rapport au projet de conclusions qui circulait avant le sommet. Aucun pays n’ose ouvrir ses portes pour accueillir plus de réfugiés, question de ménager les opinions publiques, toujours à fleur de peau quand ce sujet sensible est abordé.