"Stoppez les exécutions", s'intitule la lettre adressée au roi Salmane d'Arabie saoudite et au prince héritier Mohammed ben Salmane, les seules personnes qui peuvent aujourd'hui décider de surseoir à ces peines capitales.
En l'absence du roi Salmane, en visite privée à l'étranger, le prince héritier a pris les rênes du pouvoir dans ce royaume sunnite ultraconservateur. Il lui revient de signer ou pas le décret d'exécution.
"Tendez la main de la pitié" aux condamnés, plaident encore les dix personnalités internationales, dont plusieurs prix Nobel de la paix comme les anciens présidents sud-africains Frederik de Klerk et du Timor oriental José Ramos-Horta, le Polonais Lech Walesa ou l'Irlandaise Mairead Maguire.
Ils évoquent notamment le cas d'un jeune étudiant saoudien, Mujtaba al-Sweika, "brillant" mais arrêté à l'âge de 18 ans à l'aéroport de Riyad alors qu'il partait vers une université américaine. "Parmi les charges retenues contre lui, le fait qu'il ait créé un groupe Facebook et posté des images de manifestations" de militants chiites dans l'est de l'Arabie saoudite, écrivent les signataires en demandant la clémence à son égard.
Ils dénoncent aussi le cas d'Ali al-Nimr, un jeune homme arrêté quand il était mineur pour avoir posté des appels à manifester et dont l'oncle Nimr al-Nimr, un dignitaire chiite saoudien très connu, a été exécuté début 2016.
En juillet, la Cour suprême saoudienne a confirmé la peine de mort prononcée contre ces 14 Saoudiens chiites. Les défenseurs des droits de l'Homme craignent une exécution imminente.
Amnesty International et Human Rights Watch ont accusé les autorités saoudiennes d'avoir extorqué des confessions par la force et estiment que les condamnés n'ont pas bénéficié d'un procès équitable.
Les 14 chiites ont été condamnés en lien avec des manifestations dans la région de Qatif qui concentre la plus grande partie de la minorité chiite saoudienne. Ces derniers s'estiment marginalisés et discriminés par le pouvoir sunnite.
La province orientale où est située Qatif, riche en pétrole, est régulièrement secouée par des violences attribuées par les autorités à des "éléments terroristes" ou des trafiquants de drogue.
Cette semaine, les autorités saoudiennes ont affirmé avoir rétabli l'ordre dans la ville d'Awamiya, dans la région de Qatif, après des troubles.
Awamiya, ville natale du dignitaire chiite Nimr al-Nimr, avait été l'épicentre de manifestations contre le pouvoir dans la foulée du Printemps arabe en 2011.
Riyad a exécuté 75 personnes cette année, un des taux les plus élevés dans le monde.