"Nous demandons à ce qu’une enquête indépendante, approfondie et transparente, soit menée sur les causes de son décès, en accord avec la famille", a-t-elle insisté dans un entretien publié mardi par le site français "Le Monde Afrique", relevant qu’"il est incompréhensible qu’on en arrive à un drame pareil".
Les associations travaillent dans des conditions difficiles, qui limitent leurs capacités de suivi des violations des droits humains, a-t-elle déploré, expliquant que plusieurs articles du Code pénal, relatifs à la diffamation ou l’outrage à des personnalités publiques et aux institutions de l’Etat, permettent aux autorités de sanctionner pénalement des propos, des caricatures ou des informations jugés diffamatoires.
Cet arsenal juridique permet de réduire au silence des journalistes, des militants, des blogueurs, a dit la responsable d’AI, rappelant que ces dernières années, un certain nombre d’entre eux ont ainsi été arrêtés, inculpés puis relâchés.
Amnesty International demande à ce que les actions en justice visant à protéger la réputation de personnalités politiques ou d’institutions publiques relèvent d’une procédure civile et non privative de liberté, a-t-elle affirmé, estimant que "si ça avait été le cas, on aurait évité une telle tragédie".
"Le maintien de lois liberticides ou d’articles ambigus permet aux autorités de sanctionner et de fragiliser la société civile lorsqu’elles le veulent. Il est difficile de comprendre la logique ou la cohérence des autorités", a poursuivi Mme Oussedik.
Elle a aussi affirmé que la situation des droits de l’Homme est confuse en Algérie, ajoutant que les associations se trouvent dans une situation de vulnérabilité vis-à-vis du pouvoir.
Mohamed Tamalt est décédé dans un hôpital d’Alger où il avait été transféré après la détérioration de son état de santé, suite à une grève de la faim qu’il avait observée depuis le 27 juin pour protester contre les conditions de sa détention.
Arrêté le 17 juin dernier, le journaliste a été condamné, le 4 juillet, à une peine de deux ans de prison ferme assortie d'une amende de 200.000 dinars. Il était poursuivi pour "outrage à corps constitué" et "atteinte aux personnalités de l’État", suite à des articles publiés sur les réseaux sociaux. Sa libération sous caution ayant été rejetée, ses avocats s'étaient retirés de l'audience en signe de protestation contre ce qu’ils ont qualifié de "détention arbitraire".