Elle aura fait plus de 200.000 morts et, après la guerre d’indépendance, c’est de loin la décennie la plus tristement célèbre de l’Algérie moderne. C’est bien de la décennie noire des années 90 dont il s’agit, au cours de laquelle tous les coups avaient été permis et les pires des exactions commises, sur fond de confrontation entre les islamistes radicaux et le régime militaire. L’implication de tous les organes de l’appareil sécuritaire de l’Etat algérien y est avérée, y compris l’armée.
C’est cette vérité que le régime, toujours en place même si ses symboles, notamment l’ancien président Abdelaziz Boutaflika, ont été anéantis, voudrait faire taire aujourd’hui. Quitte à faire subir les pires humiliations à ceux qui risquent de gêner en apportant des vérités que l’armée, plus hégémonique que jamais, ne souhaite pas voir gagner l’opinion publique.
C’est ainsi que documents à l’appui, un des actuels contestataires de Gaïd Salah, le général Mohamed Betchine, ex-patron (1988-1990) du puissant DRS algérien (Département du renseignement et de la sécurité) s’apprêtait à faire, dans un rapport, des révélations quant à l’implication de l’armée dans les violences et autres atteintes aux droits de l’Homme qu’a vécues l’Algérie dans les années 90, apprend Le360 de sources sûres.
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Bien mal lui en a pris. Ayant eu vent de cette intention, le général Ahmed Gaïd Salah, chef de l’armée et véritable homme fort de l’Algérie aujourd’hui a sorti la grosse artillerie. Il a ordonné une perquisition au domicile du concerné et celle-ci a été menée par la Gendarmerie. Objectif: faire disparaître toute trace d’un document ou d’un fichier à même d’ouvrir la boîte de Pandore et, par là, de compromettre l’armée.
La gendarmerie a tout emporté dans ses valises, y compris certains effets personnels de la famille Betchine et même, apprend-on, des cassettes vidéo retraçant ses vacances et ses souvenirs personnels.
C’est ainsi, et sans faire dans la dentelle, que Gaïd Salah entend, encore et toujours, faire régner «sa loi», maintenir le régime et rester muet aux revendications de la rue, qui ne cesse de clamer haut et fort son aspiration à un changement radical et à ce que le système, l’ensemble du système, dégage.