Donald Trump pourrait signer un décret en ce sens dès mardi, rapporte le quotidien Washington Post citant deux responsables de la Maison Blanche. Parallèlement se poursuivaient des manifestations d'Américains en colère contre les mesures de confinement, que Donald Trump a appuyées, avec notamment près d'un millier de protestataires à Harrisburg, capitale de la Pennsylvanie, un des Etats-clefs pour l'élection présidentielle de 2020.
La suspension de l'immigration est un thème populaire de longue date chez les partisans du président, candidat à sa réélection et qui a fait de la lutte contre l'immigration un de ses principaux chevaux de bataille comme lors de son élection il y a quatre ans. "A la lumière de l'attaque de l'Ennemi Invisible, et face à la nécessité de protéger les emplois de nos GRANDS citoyens américains, je vais signer un décret présidentiel pour suspendre temporairement l'immigration aux Etats-Unis!", a tweeté Donald Trump.
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Le président américain n'a donné aucun détail sur la manière dont il entendait appliquer sa décision et pour combien de temps. Au moins 22 millions d'Américains ont perdu leur travail en raison des conséquences économiques de la pandémie et des mesures de confinement. Le coronavirus a déjà tué plus de 42.000 personnes aux Etats-Unis, où 766.660 cas ont été enregistrés.
Donald Trump avait dès le mois de janvier restreint les déplacements avec la Chine où le nouveau virus est apparu en décembre, avant d'interdire les voyages entre les Etats-Unis et la plupart des pays européens à la mi-mars. Donald Trump s'est depuis montré impatient face aux efforts déployés pour lutter contre l'épidémie et a encouragé les manifestants en colère contre les mesures adoptées dans certains Etats en jugeant que certains gouverneurs étaient allés "trop loin".
Selon un récent sondage Quinnipiac, plus de 80% des Américains soutiennent les mesures de confinement. Alors que les Etats-Unis ont suspendu en mars l'octroi de visas pour juguler la pandémie, les nouvelles mesures viseraient les personnes demandant un visa d'immigration ou une carte de résident permanent ("green card").
Durant l'année budgétaire 2019, 462.000 visas d'immigration et près de 577.000 résidences permanentes ont été délivrés selon les chiffres officiels. Dès son arrivée à la Maison Blanche en janvier 2017, Donald Trump avait dévoilé un décret anti-immigration, visant principalement des pays musulmans, suscitant un tollé.
Après un âpre combat judiciaire qui a obligé le gouvernement à revoir sa copie plusieurs fois, la Cour suprême a validé mi-2018 une troisième mouture interdisant le territoire américain de façon permanente aux ressortissants de six pays (Yémen, Syrie, Libye, Iran, Somalie et Corée du Nord). En février, six autres pays se sont vus imposer certaines restrictions d'accès (Nigeria, Birmanie, Erythrée, Soudan, Tanzanie, Kirghizstan).
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Le président a vraisemblablement le droit de restreindre l'immigration pour protéger la santé publique, estiment deux chercheurs du Cato Institute sur un blog. "Néanmoins, des interdictions générales telles que celles imposées récemment par l'administration et celles attendues le 21 avril ont le même effet que fermer la porte de l'écurie une fois que le cheval s'est déjà échappé".
Pour les deux chercheurs, le tweet présidentiel laisse en outre accroire que les immigrants répandent le Covid-19 aux Etats-Unis alors que les données sur le coronavirus montrent que "le taux des cas et des décès de Covid-19 dans le pays n'est pas corrélé avec la part de la population d'origine étrangère".