Norbert Pheulpin, expert en acoustique, consulté par William Bourdon, l’avocat de Djibril Bassolé, actuellement incarcéré dans cette affaire, conclut après son analyse d’une bande sonore de seize minutes : «la pièce audio concernée ne peut être présentée comme étant l’enregistrement intègre d’une interception téléphonique classique, (…), l’hypothèse d’une intervention de type montage peut être objectivement retenue», a révélé le journal Le Monde ce 25 février.
Un jugement suffisant pour faire jubiler William Bourdon qui appelle à l’annulation des procédures en cours contre son client.
En novembre dernier, plusieurs bandes sonores diffusées sur les réseaux sociaux et dans les médias révélaient des entretiens téléphoniques entre Guillaume Soro et des proches de l’ex président burkinabè au sujet du coup d’Etat de septembre dernier contre la transition au Burkina Faso.
Dans l’une d’entre elles, l’on entendait deux voies, attribuées à Guillaume Soro et Djibril Bassolé, au sujet de moyens financiers à acheminer au Burkina pour soutenir le putsch en cours.
L’affaire qui a donné lieu à un mandat d’arrêt de la justice burkinabè à l’encontre du président du parlement ivoirien, a depuis mis à mal des relations, naguères chaleureuses, entre les deux Etats.
Reste que l’expertise ne se prononce pas sur l’authenticité des voix et n’a porté, à priori que sur une seule bande.
Guillaume Soro peut-il alors pour autant avoir le sourire ? Pas si sûr. D’autres écoutes mettent en cause des officiers supérieurs de l’armée ivoirienne qui lui sont réputés proches. Et selon certaines sources, la justice burkinabé dispose d’autres bandes sonores non encore dévoilées.
En plus, il existe des faits accablants qui sont portés à l’actif du dauphin constitutionnel ivoirien. 300 gilets par balles et des grenades avaient été retrouvés à son domicile de Ouagadougou lors d’une perquisition, et des mouvements suspects d’un hélicoptère militaire burkinabè entre Ouagadougou et la frontière ivoirienne, deux jours après le coup d’Etat, sont considérés comme des éléments à charge par la justice burkinabè, informait Jeune Afrique le 26 janvier dernier.
Si la nouvelle a le mérite d’apporter quelques réserves sur cette affaire, le seul maître du jeu reste bien la justice burkinabé. La question est de savoir l’attitude qu’elle compte adopter avec cette nouvelle donne.
A Abidjan, aucune réaction de l’intéressé, qui a de tout temps dénoncé un complot, n’a encore été enregistrée.