Corée du Sud: les enquêteurs demandent l’inculpation du président Yoon

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol lors de la troisième audience formelle de son procès en destitution à la Cour constitutionnelle de Séoul, le 21 janvier 2025.

Les enquêteurs sud-coréens ont recommandé jeudi l’inculpation pour rébellion et abus de pouvoir du président Yoon Suk Yeol, détenu et suspendu de ses fonctions, pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale qui a plongé le pays dans une grave crise.

Le 23/01/2025 à 07h47

Au terme de 51 jours d’enquête, le Bureau d’enquête sur la corruption (CIO), l’agence anticorruption qui centralise les investigations criminelles sur le président Yoon Suk Yeol, suspendu de ses fonctions, a remis ses conclusions au parquet.

Il y déclare avoir «décidé de demander au parquet du district central de Séoul d’engager des poursuites contre le président en exercice, Yoon Suk Yeol, dans le cadre d’allégations portant notamment sur la conduite d’une rébellion». Le parquet a désormais 11 jours pour décider de lancer ou non les poursuites demandées.

Dans une procédure distincte, Yoon Suk Yeol doit assister ce jeudi à 14H00 (05H00 GMT) à la quatrième audience de son procès en destitution devant la Cour constitutionnelle, au cours de laquelle des témoins seront entendus au sujet de son coup de force.

Attitude «non coopérative»

Le 3 décembre, le dirigeant conservateur a sidéré la Corée du Sud en imposant soudainement la loi martiale et en envoyant l’armée au Parlement pour tenter de le museler. Il a fait marche quelques heures plus tard, à la suite d’un vote des députés réunis en urgence et sous la pression de manifestants.

Après avoir résisté à une première descente sur mandat des autorités, Yoon Suk Yeol a été arrêté et placé en détention le 15 janvier, un fait sans précédent pour un chef de l’Etat sud-coréen titulaire. Depuis, il «a constamment maintenu une attitude non coopérative», a déclaré Lee Jae-seung, chef adjoint du CIO. Compte tenu de cette attitude, le CIO a jugé qu’il serait «plus efficace» de confier l’affaire au parquet, qui est en mesure de l’inculper.

«Abus d’autorité»

Dans les conclusions de son enquête, le CIO a indiqué que le président avait «abusé de son autorité obligeant les policiers de l’unité de garde de l’Assemblée nationale et les forces de la loi martiale à accomplir des tâches qui dépassaient leurs obligations» et «entravé l’exercice du droit des législateurs à exiger la levée de la loi martiale».

L’équipe juridique du président déchu tente de défendre l’idée selon laquelle la déclaration de la loi martiale était nécessaire face à une fraude électorale, l’opposition ayant remporté haut la main le scrutin législatif d’avril 2024, avec à la clé une majorité écrasante au Parlement.

La Cour constitutionnelle doit décider d’ici mi-juin si elle confirme la destitution du dirigeant conservateur ou si elle le rétablit dans ses fonctions. En cas de destitution, une nouvelle élection présidentielle devra être organisée dans les 60 jours.

Par Le360 (avec AFP)
Le 23/01/2025 à 07h47