Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, et le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, se sont entretenus vendredi à Bangkok pendant une douzaine d’heures, étalées sur deux jours, a fait savoir samedi une haute responsable américaine.
Elle a précisé que la rencontre devrait déboucher sur un appel «au printemps» entre les présidents Xi Jinping et Joe Biden, qui s’étaient vus en personne à Woodside, en Californie, l’automne dernier. «Les deux parties ont eu des discussions stratégiques franches, substantielles et fructueuses», a indiqué le ministère chinois des Affaires étrangères.
Sur le même ton, la Maison Blanche a estimé dans un communiqué que cette rencontre s’inscrivait «dans le cadre des efforts visant à maintenir des lignes de communication ouvertes et à gérer de manière responsable la concurrence» entre les deux puissances. Après une passe particulièrement tendue en début d’année dernière, les États-Unis et la Chine semblent donc désireux de poursuivre le dialogue.
Sujets de friction
Mais les sujets de friction demeurent: liens avec Taïwan, commerce, rivalité dans les nouvelles technologies, lutte d’influence en Asie-Pacifique, mer de Chine méridionale... La question des relations entre Pékin et l’Iran est venue s’ajouter à la liste des dossiers délicats, sur fond de guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.
Les États-Unis attendent de la Chine qu’elle use de son «influence» sur l’Iran pour «faire cesser» les attaques des Houthis du Yémen, soutenus par Téhéran, contre des navires en mer Rouge, a indiqué la haute responsable américaine déjà citée, qui a requis l’anonymat.
«Pékin nous dit qu’ils évoquent le sujet avec l’Iran mais nous regardons ce qui se passe dans les faits, et ces attaques semblent continuer», a-t-elle ajouté lors d’un entretien avec des journalistes, en soulignant que Jake Sullivan avait fait part des attentes américaines à Bangkok.
Le conseiller à la sécurité nationale américain a aussi évoqué, lors de la réunion avec Wang Yi dans la capitale de la Thaïlande, les «profondes préoccupations» de Washington à propos des dernières manoeuvres de la Corée du Nord, et ce «en raison de l’influence (de la Chine) sur Pyongyang». Les Américains souhaitent s’entretenir avec le vice-ministre des Affaires étrangères chinois, qui s’est rendu en Corée du Nord, à son retour.
«Plus grand défi»
La question de fond la plus sensible reste Taïwan, que Pékin considère comme partie intégrante du territoire chinois. La Chine reproche aux États-Unis, qui ne reconnaissent pas officiellement Taïwan et qui martèlent ne pas soutenir l’indépendance de l’île, d’être le premier fournisseur d’armes et le principal soutien des autorités taïwanaises.
«Le plus grand défi pour les relations sino-américaines est le mouvement prônant l’indépendance de Taïwan», a souligné Wang Yi devant Jake Sullivan, a indiqué Pékin dans son communiqué. «Les États-Unis doivent (...) mettre en oeuvre concrètement leur engagement à ne pas soutenir l’indépendance de Taïwan et à soutenir la réunification pacifique de la Chine» avec l’île, a ajouté le ministre.
L’élection présidentielle taïwanaise, tenue courant janvier, a encore tendu les liens Pékin- Washington. Les autorités chinoises avaient fermement critiqué le président élu, Lai Ching-te, issu d’un parti militant traditionnellement pour une séparation formelle de Taïwan avec la Chine continentale, tandis que Washington l’avait félicité. Jake Sullivan a lui «souligné l’importance de maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan», selon le communiqué de la Maison Blanche.
Lors des discussions tenues vendredi et samedi, les deux pays ont également affirmé leur volonté de tenir un dialogue sur l’intelligence artificielle au printemps, et salué les avancées en matière de coopération sur la lutte antidrogue.