"Nous n'avons jusqu'ici aucun élément sur de possibles motivations pour cet acte, l'enquête explore avec beaucoup d'intensité toutes les directions", a indiqué dimanche matin dans un communiqué le procureur de cette ville de 300.000 habitants où le drame, qui a fait deux morts, est survenu la veille en plein centre-ville. Cet homme de 48 ans a-t-il voulu se suicider en emportant avec lui d'autres personnes comme Andreas Lubitz, le pilote allemand d'un vol de Germanwings qui avait précipité l'appareil dans les Alpes françaises il y a trois ans? A-t-il agi pour des motifs politiques?
Une chose paraît certaine: le drame survenu en plein centre-ville à un moment où les terrasses des cafés étaient bondées, et qui a coûté la vie à une femme de 51 ans et à un homme de 65 ans de la région, n'est pas un attentat jihadiste. "Rien n'indique pour le moment qu'on ait affaire à des motivations islamistes", a assuré le ministre de l'Intérieur de la région de Münster.
L'Allemagne garde en mémoire l'attentat sanglant de décembre 2016 lorsqu'un demandeur d'asile tunisien avait foncé sur la foule d'un marché de Noël avec un camion-bélier au nom de l'organisation Etat islamique. Le conducteur du véhicule-bélier était "un Allemand et non un réfugié comme on le colporte partout", a ajouté le ministre. L'extrême droite allemande n'a en effet pas perdu de temps samedi en mettant d'emblée en cause sur les réseaux sociaux la chancelière Angela Merkel et sa politique d'accueil généreuse des demandeurs d'asile. Le ministre fédéral de l'Intérieur, Horst Seehofer, doit se rendre dimanche en milieu de journée sur les lieux du drame.
Les médias allemands ont identifié le conducteur comme Jens R., résidant à Münster même, non loin des lieux où il a projeté son véhicule sur une terrasse de café-restaurant très prisée dans la ville. Outre les deux morts, 20 personnes ont été blessées. L'assaillant s'est suicidé avec une arme à feu peu de temps après dans son véhicule.
Lire aussi : Allemagne: l'assaillant de Münster souffrait de troubles psychiques
La police a passé de nombreuses heures ensuite à sécuriser sa camionnette, où des fils de fer suspects étaient visibles, de crainte que s'y trouve un engin piégé. Au bout du compte elle n'a trouvé que l'arme du conducteur, un pistolet d'alarme et une dizaine de très gros feux d'artifice, dont la poudre peut servir à confectionner un explosif. Dans l'appartement du conducteur, les enquêteurs ont découvert une fusil Kalachnikov désactivé, selon la police.
Selon les médias, l'homme souffrait de troubles psychologiques. Une source proche de l'enquête a confirmé à l'AFP qu'il y avait eu "dans le passé plusieurs incidents" avec le conducteur. Toujours selon les médias, l'homme connu pour un passé de petit délinquant et des actes de violence connaissait des difficultés professionnelles. Il avait tenté "il y a peu" de se suicider et avait tout récemment clamé son intention de recommencer, cette fois de manière spectaculaire. Mais il entretenait aussi des liens avec les milieux d'extrême droite, indique la chaîne ZDF.
Le drame s'est produit à une heure d'affluence dans le quartier historique de la ville. "On a entendu un grand bruit et des cris, la police est arrivée", a raconté sur la chaîne N-tv un serveur du café. "Il y avait beaucoup de gens qui criaient, je suis en colère, c'est complètement lâche de faire une chose pareille", a-t-il ajouté. L'irruption du véhicule a provoqué la panique parmi les passants. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent des chaises renversées et cassées. Si les motivations du conducteur restent mystérieuses, ce drame intervient dans un contexte tendu en Allemagne.
Les autorités allemandes sont sur le qui-vive depuis un an et demi en raison de plusieurs attentats islamistes perpétrés ou envisagés dans le pays.