Cette visite, destinée à «réaffirmer les profonds liens d’amitié» entre les deux pays selon la Maison Blanche, est la deuxième du dirigeant allemand après février 2022.
Elle intervient après une période de crispations entre Washington et Berlin autour des difficiles discussions sur la livraison de chars à l’Ukraine.
L’absence au programme de conférence de presse commune a ainsi suscité des interrogations dans la presse allemande, bien que le président américain n’en donne pas systématiquement quand il reçoit un dirigeant étranger.
Tiraillements
Cette question a été «massivement sur-interprétée», assure le porte-parole du chancelier, Steffen Hebestreit, pour qui il s’agit d’une «courte visite de travail».
Entre Biden et Scholz, il s’agira notamment de se concerter sur les développements du conflit en Ukraine: «comment seront les prochains mois en Ukraine? Qu’est-ce que cela signifie pour le soutien que les alliés peuvent apporter» au pays, a-t-il expliqué.
Pour lui, les relations entre les Etats-Unis et l’Allemagne, dépendante de l’Otan et de la protection militaire américaine, sont «très bonnes» malgré des hauts et bas depuis que Joe Biden est au pouvoir.
Dès son arrivée à la Maison Blanche, le successeur de Donald Trump avait par exemple fait ouvertement pression pour que Berlin renonce au projet de gazoduc Nord Stream 2, mené avec Moscou.
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Aujourd’hui, ce sont les subventions massives aux industries vertes américaines prévues dans le plan «Inflation Reduction Act» (IRA) qui suscitent des critiques de Berlin et des Européens.
L’épisode des chars a aussi été source de tiraillements.
L’Allemagne a finalement accepté le 26 janvier d’envoyer un nombre conséquent de ses tanks Leopard, donnant une nouvelle dimension au soutien militaire à l’Ukraine.
Les Etats-Unis ont également promis des blindés lourds, une annonce qui a donné lieu ces derniers jours à diverses interprétations.
Washington a donné son feu vert dans le seul but de lever les réticences allemandes à l’envoi de chars, a confié dimanche le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.
Biden avait «décidé à l’origine de ne pas les envoyer parce que ses militaires lui ont dit qu’ils ne seraient pas utiles sur le champ de bataille», a-t-il expliqué sur la chaîne ABC.
Mais face au refus allemand, le président américain a agi «dans l’intérêt de l’unité de l’Alliance et pour s’assurer que l’Ukraine obtienne ce qu’elle voulait», a affirmé Sullivan.
Une version que le gouvernement allemand ne reprend pas à son compte, assurant que les discussions ont consisté à bâtir une «approche commune», sans que Berlin force la main à Washington.
«Signal» envoyé à Pékin
Cette rencontre entre deux des trois, avec la Grande-Bretagne, principaux contributeurs à l’aide à l’Ukraine «devrait permettre de définir la marche à suivre pour la mise en œuvre complète de la fourniture de chars, un domaine où des efforts diplomatiques et industriels plus importants sont encore nécessaires», explique à l’AFP Jeffrey Rathke, président de l’Institut d’études allemandes contemporaines de l’Université Johns Hopkins à Washington.
«Ce qui ne changera pas après cette réunion, c’est que pour la Maison Blanche, la plupart des routes vers l’Europe passent par Berlin. Et que pour Scholz, tous les chemins du soutien à l’Ukraine passent par Washington», commente Jörn Fleck, du think-tank Atlantic Council.
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La Chine constitue un autre enjeu de la rencontre. Washington verrait d’un bon oeil que l’Allemagne, grande puissance exportatrice liée à la Chine, adopte une position plus ferme.
Les motifs de crispation se sont multipliés entre Washington et Pékin, de l’épisode du ballon chinois abattu au-dessus du territoire américain aux restrictions d’utilisation visant le réseau social TikTok.
Les Etats-Unis accusent aussi la Chine d’envisager la livraison d’armes à la Russie pour l’aider dans son offensive contre l’Ukraine, ce que dément Pékin. Une crainte également exprimée par Scholz: «Ne fournissez pas d’armes à l’agresseur russe!», a-t-il lancé jeudi à la tribune du Bundestag.
La rencontre entre les deux dirigeants offre ainsi «une occasion précieuse d’envoyer un signal clair et persuasif à la Chine», résume Rathke.