Huit mois après les attaques jihadistes de novembre à Paris, qui avaient fait 130 morts, la France a replongé dans l'horreur avec des scènes effroyables sur la Promenade des Anglais où flânent d'ordinaire les visiteurs, sous les palmiers, le long de la Méditerranée.
Alors que le feu d'artifice touchait à sa fin, un camion blanc a foncé à pleine vitesse dans la foule qui rassemblait des milliers de personnes, dont de nombreux étrangers, et renversé tous ceux qui se trouvaient sur son chemin sur près de deux kilomètres.
Selon un nouveau bilan des autorités, 84 personnes, dont des enfants, ont été tuées et des dizaines blessées, dont 18 se trouvaient toujours "entre la vie et la mort".
Le "caractère terroriste" de l'attaque, qui n'a pas été revendiquée, "ne peut être nié", a déclaré le président François Hollande dans une allocution télévisée en pleine nuit.
Le chef de l'Etat est attendu à Nice ce vendredi en compagnie du Premier ministre Manuel Valls, qui a fait part de son "immense douleur".
A l'issue de sa course folle, le conducteur du camion a été abattu par les forces de l'ordre, après avoir commencé à tirer en direction de la police, selon des sources concordantes.
Selon une source proche des enquêteurs, une grenade "inopérante" et des "armes longues factices" ont été retrouvées à bord du camion de 19 tonnes, ainsi que des papiers d'identité au nom d'un Franco-tunisien de 31 ans. Mais l'identification formelle du chauffeur n'avait toujours pas été confirmée à l'aube vendredi.
Au milieu de la nuit, les rues s'étaient totalement vidées, à l'exception des ambulances, militaires et autres policiers déployés.
Des corps jonchaient le sol, souvent recouverts d'un simple drap.
Un calme mortel s'est emparé de la ville, dont la population a été invitée à rester chez elle. La Promenade des Anglais a été fermée "pour une durée indéterminée", a annoncé la préfecture.
A Paris, le président Hollande a annoncé une prolongation pour trois mois supplémentaires de l'état d'urgence, qui devait prendre fin dans quinze jours. Ce régime d'exception, décrété dans la foulée des attentats du 13 novembre, autorise les perquisitions sans le contrôle d'un juge et l'assignation à résidence de suspects.
Il a également annoncé le recours à des citoyens réservistes pour seconder les policiers et les gendarmes, notamment dans le "contrôle aux frontières".
L'attaque, la plus importante commise en Europe depuis les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 22 mars 2016 à Bruxelles, a suscité une vague d'indignation dans le monde. L'ONU a condamné un acte "barbare et lâche" et le président américain Barack Obama "une horrible attaque terroriste".
En France, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a lui aussi condamné avec "la plus grande vigueur" l'attentat.
"Rien ne nous fera céder dans notre volonté de lutter contre le terrorisme et nous allons encore renforcer nos actions en Syrie comme en Irak", a assuré le président Hollande.