Au lendemain de l'attentat qui a fait huit morts et 12 blessés, le plus grave survenu à New York depuis septembre 2001, le président Donald Trump a réclamé la "peine de mort" pour le suspect, Sayfullo Saipov, un Ouzbek de 29 ans arrivé aux Etats-Unis en 2010.
Selon la plainte déposée par le Parquet fédéral après des interrogatoires à l'hôpital, où Saipov avait été transporté après avoir été blessé lors de son arrestation mardi, l'homme n'a montré aucun regret après sa virée mortelle, se disant "satisfait de ce qu'il a fait". Il a même demandé à pouvoir déployer le drapeau noir du groupe État islamique (EI) dans sa chambre d'hôpital, selon les enquêteurs.
Une attitude qui a visiblement déclenché la fureur du président américain: "Le terroriste de NYC (pour New York city, ndlr) était satisfait et a demandé que le drapeau de l'EI soit accroché dans sa chambre d'hôpital. Il a tué 8 personnes et en a grièvement blessé 12. IL DEVRAIT ETRE CONDAMNE A MORT !", a écrit Donald Trump sur Twitter.
Inspiré par de nombreuses images de propagande de l'EI retrouvées dans ses deux téléphones portables, il préparait son attaque "depuis un an environ" et s'était décidé pour une attaque au camion-bélier il y a deux mois, indique la plainte du procureur.
Il a précisé avoir choisi le jour d'Halloween "pour être sûr qu'il y aurait beaucoup de gens dans les rues," ajoute la plainte.
Après sa virée, il a crié "Allah Akbar" ("Dieu est le plus grand", en arabe) en sortant de son véhicule.
Saipov a aussi reconnu être l'auteur des écrits en arabe mentionnant l'EI retrouvés à proximité du camion par les enquêteurs.
Si le Parquet a souligné que l'enquête était encore loin d'être terminée, tous ces éléments ont permis d'inculper rapidement Saipov.
Il est déjà cité pour deux chefs d'inculpation fédérale -violence et destruction de véhicules et soutien à une organisation terroriste étrangère, qui l'exposent à la prison à perpétuité. Le procureur de Manhattan, Joon Kim, a même évoqué une procédure qui permettrait de requérir la peine de mort.
Transporté en chaise roulante au tribunal où les deux chefs d'accusation lui ont été signifiés mercredi soir, Saipov a ensuite été incarcéré dans une prison new-yorkaise, selon le bureau du procureur.
La police fédérale a par ailleurs annoncé mercredi soir avoir retrouvé un autre Ouzbek, Mukhammadzoir Kadirov, 32 ans, pour lequel elle avait émis un avis de recherche dans l'enquête sur l'attaque qui a endeuillé New York mardi.
Les liens du suspect avec l'EI désormais avérés, le président Trump a demandé l'arrêt immédiat du programme d'octroi de visas par loterie dont Saipov aurait bénéficié.
Le président a également évoqué la possibilité de l'envoyer à la prison de Guantanamo. La Maison-Blanche a aussi jugé qu'il pourrait être considéré comme un "combattant ennemi", ce qui permettrait potentiellement de limiter les droits de la défense.
La police a souligné qu'elle cherchait notamment toujours à savoir comment il s'était radicalisé après son arrivée aux Etats-Unis.
Chauffeur d'Uber, Saipov fréquentait la mosquée de Paterson, ville à 60 kilomètres de New York où il s'était installé récemment, après avoir d'abord travaillé comme chauffeur de poids lourds en Floride, selon plusieurs médias américains.
Son arrestation a suscité la colère dans cette commune où beaucoup d'habitants, des immigrants de première génération comme lui, redoutaient d'être associés au jihadisme.
Connu de la police pour des infractions au code de la route, Saipov n'avait "jamais fait l'objet d'une enquête" du FBI ou d'autres services anti-terroristes, avait précisé plus tôt la police new-yorkaise.
La chronologie fournie mercredi par la police montre que sa virée meurtrière, sur une promenade très fréquentée du sud-ouest de Manhattan, en pleine fête d'Halloween, a été ultra-rapide: il a loué la camionnette-bélier dans le New Jersey juste après 14h00, ralliant rapidement Manhattan avant de foncer autour de 15 heures sur la promenade qui longe l'Hudson River.
Après quelques minutes, il entrait en collision avec le bus scolaire et était rapidement appréhendé par les policiers.
Le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, a assuré mercredi qu'il n'y avait "aucune autre menace" planant sur New York, métropole de 8,5 millions d'habitants parmi les villes les plus touristiques au monde.
Les mesures de sécurité ont néanmoins été renforcées. La police a indiqué avoir doublé ses effectifs dans les lieux stratégiques, gares et aéroports, en prévision notamment du marathon de New York dimanche, qui attire chaque année plus de 50.000 coureurs et quelque 2,5 millions de spectateurs.
Bill de Blasio et d'autres responsables de New York ont mis en garde contre toute stigmatisation de la communauté musulmane.
Le président américain avait appelé dès mardi soir à renforcer les contrôles des personnes souhaitant entrer aux États-Unis, invoquant la nécessité d'empêcher "l'EI de revenir ou d'entrer dans notre pays".
La police a par ailleurs confirmé mercredi que sur les huit personnes tuées dans cette attaque, six étaient des étrangers -cinq Argentins et une Belge.
Douze personnes ont aussi été blessées, dont trois Belges et un Allemand. Neuf étaient toujours hospitalisées mercredi, dont quatre dans un état "critique mais stable", selon les pompiers.