Après deux années de tractations, la Suède est officiellement devenue jeudi le 32ème membre de l’Otan, mettant ainsi fin à deux siècles de neutralité puis de non-alignement militaire. Et dès le lundi prochain, le drapeau bleu et jaune du pays scandinave doit être hissé devant le siège bruxellois de l’Otan.
«M. le Premier ministre, bienvenue à l’Otan, la plus puissante alliance militaire que le monde ait jamais vue», a lancé au Premier ministre suédois Ulf Kristersson, présent dans l’assistance, le président américain Joe Biden dans son discours sur l’état de l’Union, jeudi soir devant le Congrès américain.
«Tout vient à point à qui sait attendre», avait déclaré dans la matinée le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken en recevant du gouvernement suédois les documents officiels gravant dans le marbre l’adhésion de la Suède à l’Alliance atlantique.
Cette étape marque «une victoire pour la liberté», a déclaré lors de cette cérémonie à Washington le Premier ministre suédois. La ratification de cette accession a été obtenue de haute lutte après de longues négociations avec certains membres de l’Alliance.
«C’est un jour historique», a déclaré dans un communiqué le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg. «Après 200 ans de non-alignement, la Suède bénéficie désormais de la protection de l’article 5, la garantie totale pour la liberté et la sécurité» de ses membres, a-t-il ajouté.
«Avec la Suède, l’alliance est plus forte et nos peuples sont en sécurité», a réagi la diplomatie allemande. Pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la Suède est «mieux protégée contre le mal russe» maintenant qu’elle a officiellement rejoint l’Otan.
«Trop de sacrifices»
La Russie a menacé la semaine dernière de représailles qui dépendront «des conditions et de l’ampleur de l’intégration de la Suède à l’Otan». Avec l’adhésion de la Suède, après celle de la Finlande, tous les Etats riverains de la mer Baltique, à l’exception de la Russie, sont désormais membres de l’Alliance atlantique.
Ces deux pays, bien que proches militairement des Etats-Unis de par leur appartenance à l’Union européenne, ont historiquement préféré se tenir à l’écart de l’Alliance, formée lors de la Guerre froide face à l’Union soviétique.
Si la Suède contribue aux forces internationales de maintien de la paix, elle n’a plus connu de guerre depuis un conflit avec la Norvège en 1814. Helsinki et Stockholm avaient annoncé en même temps leur candidature pour rejoindre l’Otan en 2022, en réaction au déclenchement du conflit russo-ukrainien.
La Finlande avait obtenu son accession à l’Alliance en avril, mais le processus d’adhésion de la Suède a été ponctué de tractations avec la Turquie, qui accusait le pays scandinave de mansuétude envers des militants kurdes réfugiés sur son sol.
La Suède a également dû composer avec les réticences du Premier ministre hongrois. Viktor Orban avait certes donné de longue date son accord de principe mais, avant de boucler le processus, il exigeait du «respect» de Stockholm, après des années de «dénigrement» de sa politique. Fin février, le Parlement hongrois avait finalement ratifié l’adhésion de la Suède à l’Otan.
Selon un sondage de la radio SR diffusé vendredi, une majorité de Suédois estime que leur pays a fait «trop de sacrifices» pour devenir membre de l’Otan, tout en admettant que la sécurité de la Suède s’est renforcée avec cette adhésion.