Merzoug Touati, 30 ans, avait été condamné en mai en première instance à 10 ans de prison pour avoir entretenu "avec les agents d'une puissance étrangère des intelligences de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de l'Algérie ou à ses intérêts économiques essentiels", crime passible de 20 ans de prison. A cette époque, le tribunal criminel de Béjaïa (260 km à l'est d'Alger) avait en revanche écarté le chef d'incitation à "s'armer contre l'autorité de l'Etat", crime passible de la peine de mort, et deux autres crimes et délits d'atteinte à la sûreté de l'Etat, dont était accusé le blogueur pour avoir posté un appel à manifester sur Facebook.
Jeudi, devant la Cour d'appel, "le procureur a requis la perpétuité (...) pour l'ensemble des chefs d'accusation", a déclaré à l'AFP l'un de ses avocats Me Boubakeur Esseddik Hamaïli, joint à Béjaïa. La défense a elle plaidé l'acquittement, a-t-il ajouté: "Le dossier est vide, il n'y a aucune preuve contre notre client". Merzoug Touati a finalement été condamné à sept ans de prison ferme, a indiqué l'un de ses avocats, Me Salah Dabouz. "Même si cette peine est revue à la baisse, elle ne nous réjouit pas car Touati est réellement innocent, j'en suis convaincu, a-t-il ajouté. Il nous reste la Cour suprême, mais c'est à Touati de décider, il a 8 jours."
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Le Parquet de Béjaia n'a pu être joint par l'AFP.
Merzoug Touati est détenu depuis qu'il a été arrêté à Béjaia en janvier 2017, après avoir appelé sur son compte Facebook à protester contre la nouvelle loi de Finances et diffusé sur son blog un entretien vidéo avec un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères. Touati, qui n'a obtenu que des emplois précaires depuis qu'il est diplômé de l'université, "n'a jamais occupé de postes à responsabilité lui donnant accès à des informations qu'il aurait pu communiquer" à une puissance étrangère, avait expliqué lors du verdict de première instance Me Boubakeur Esseddik Hamaïli.
La Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH) a dénoncé "la disproportion entre les chefs d'accusation très graves et le dossier d'instruction uniquement à charge et vide", ainsi qu'un "procès inéquitable". "La liberté d'expression est en danger. Il devient de plus en plus difficile d'exprimer son mécontentement ou tout simplement de donner son opinion", a poursuivi l'ONG.