Les frappes ont visé la ville d'Al-Bab sous contrôle du groupe jihadiste Etat islamique (EI) et le quartier Al-Chaar dans la ville d'Alep, sous contrôle des rebelles syriens, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Le bilan s'est élevé à 71 civils tués, 59 à Al-Bab et 12 à Alep", selon cette source.
"Il s'agit d'un des plus grands massacres commis par l'armée de l'air du régime depuis le début de l'année", a dénoncé la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), un réseau de militants couvrant la guerre en Syrie depuis 2011.
La CGRS a évoqué des "échoppes détruites, des voitures brûlées (...) et des restes de corps humains dans l'un des hôpitaux de fortune" à Al-Bab. Dans cette localité située au nord-est de la ville d'Alep, les raids ont ciblé un marché populaire à une heure de grande affluence, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, qui a accusé lui aussi le régime d'avoir commis un "massacre".
A Al-Chaar, quartier rebelle de l'est d'Alep, 12 personnes ont péri à Al-Chaar, dont huit membres d'une même famille. Parmi les victimes figurent trois enfants et quatre femmes, selon l'OSDH, basé en Grande-Bretagne mais qui s'appuie sur un large réseau de sources médicales et de militants à travers la Syrie.
Cadavres sur les trottoirs
Toujours à Al-Chaar, des cadavres étaient posés sur un trottoir sous des couvertures noires, alors qu'un bulldozer s'employait à retirer du quartier une voiture détruite avant de la déblayer les gravats, selon un correspondant de l'AFP sur place. Un membre de la défense civile Chouhoud Hussein a affirmé à l'AFP que les raids avaient "causé d'importants dégâts. Les immeubles situés dans le secteur souvent visé par les raids sont menacés d'effondrement". Le régime a souvent recours à cette arme qui a déjà fait quelques centaines de morts dans la province d'Alep.
Le recours du régime aux barils remplis d'explosifs qui causent aussi des dégâts considérables notamment en milieu urbain, est régulièrement dénoncé par de nombreuses organisations de défense des droits de l'Homme comme une arme particulièrement destructrice qui tue de manière aveugle. Les forces du régime ont commencé en 2013 à larguer à Alep ces bombes composées de gros barils d'huile, de cylindres à gaz ou de réservoirs d’eau, vidés de leur contenu et remplis de puissants explosifs ainsi que de ferraille.
Alep, deuxième ville du pays, est divisée depuis 2012 entre l'est aux mains des insurgés et l'ouest contrôlé par le régime. Mais dans la province éponyme, le régime ne contrôle que quelques secteurs au sud et sud-est de l'ex-capitale économique du pays. Les rebelles tiennent les régions au nord, ouest et sud, tandis que l'EI domine l'est et le nord-est.
Défaites du régime
Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques réclamant des réformes, la contestation s'est militarisée avant de devenir une guerre brutale et complexe avec l'intervention de groupes jihadistes surtout Al-Qaïda et l'EI. Ce groupe ultradical sunnite, qui sévit aussi en Irak voisin, est la cible de frappes aériennes d'une coalition internationale menée par les Etats-Unis depuis 10 mois.
Plus de 220.000 personnes ont péri dans la guerre en Syrie selon l'OSDH, alors que plusieurs millions ont été poussées à la fuite.
Le régime a connu de nombreuses défaites ces derniers mois. Il a abandonné jeudi la province d'Idleb (nord-ouest) au profit d'Al-Qaïda et de ses alliés afin de concentrer son combat sur des zones qu'il considère comme vitales selon des experts.
Idleb est la deuxième des 14 provinces de Syrie qu'il perd après celle de Raqa, aux mains de l'EI. Il ne contrôle quasi-entièrement que les provinces de Lattaquié, Tartous (ouest), la province urbaine de Damas et celle de Soueida (sud).
Selon l'OSDH, l'EI contrôle la moitié du territoire syrien, principalement les régions du nord et de l'est, et monte en puissance dans le centre.