Bagdad, soutenu par une coalition occidentale emmenée par les Etats-Unis, traquait vendredi 7 juillet les dernières dizaines de combattants du groupe Etat islamique (EI) résistant encore à Mossoul, dernier bastion urbain des jihadistes en Irak.
Les forces irakiennes y affrontent notamment de nombreux étrangers, qui représentent plus des trois quarts des derniers combattants, selon les forces spéciales irakiennes (CTS).
Au fil de la bataille, les cadavres de jihadistes s'amoncellent dans la vieille ville en partie dévastée. "La plupart sont ceux d'étrangers", notait cette semaine le général Sami al-Aridhi, un des commandants des CTS.
Selon plusieurs commandants de la police et de l'armée irakiennes, la plupart des combattants étrangers de l'EI engagés ces derniers mois à Mossoul sont ou étaient originaires de Russie et des anciennes républiques soviétiques, de Tchétchénie et de divers pays arabes.
Viendraient ensuite des musulmans d'Asie (Afghans, Pakistanais, Chinois ouïghours...), des Européens (Français, Allemands, Belges, Britanniques notamment) et des Américains. Des informations qui, comme les chiffres, sont difficiles à confirmer de manière indépendante.
Parmi eux figuraient une trentaine de francophones, repérés notamment lors d'interceptions téléphoniques, selon les mêmes sources, qui ne précisent pas combien ont ou avaient la nationalité française. "La plupart sont originaires de pays comme l'Algérie, le Maroc ou la Tunisie", souligne le général Abbas al-Jabouri, un commandant de la force de réaction rapide de la police.
Des civils pâles et affamés qui ont réussi à sortir de la vieille ville ont décrit ces étrangers comme des hommes cruels qui les obligeaient à rester avec eux dans les maisons, dont beaucoup ont été bombardées, ou abattaient les civils qui fuyaient.
Au moment où les forces irakiennes ont lancé l'assaut sur la vieille ville le 18 juin, les étrangers ne représentaient que 20% des quelque 1.200 jihadistes recensés à l'époque, selon des officiers de l'armée.
Mais beaucoup de jihadistes irakiens ont fui en se mêlant au flot des civils quittant la vieille ville. L'armée assure que beaucoup ont été arrêtés, mais des officiers estiment en privé que plusieurs centaines ont pu passer entre les mailles du filet.
Les étrangers, eux, "se feraient arrêter tout de suite" lors des contrôles à la sortie, assure le lieutenant-colonel Haider Hussein, un commandant des CTS, notamment parce qu'ils "parlent mal l'arabe" irakien.
Et comme "ils ne se rendent jamais", comme le souligne un autre commandant des CTS, le général Abdel Ghani al-Assadi, ces étrangers n'ont qu'une option: se battre jusqu'au bout.
Les responsables militaires irakiens ne font pas mystère du sort réservé à ces jihadistes qui ont tué nombre des leurs depuis quatre ans.
"Le vieux Mossoul sera leur cimetière", assène le général Assadi. Un officier irakien résume la situation sous couvert de l'anonymat: "Quand on les voit, on les tue".
Frappée depuis 2015 par de nombreux attentats souvent inspirés par l'EI, la France, par l'intermédiaire de ses forces spéciales déployées à Mossoul, suit de près le dossier.
Fin mai, le Wall Street Journal affirmait que la France avait demandé à Bagdad de traquer et éliminer 27 jihadistes français à Mossoul, dont elle avait fourni la liste, pour empêcher ces Français et d'autres francophones, de revenir perpétrer des attentats en Europe.
Paris, comme les commandants irakiens, a démenti l'existence d'une telle liste.
Mais de toute façon, souligne le général al-Assadi, "tous les combattants de l'EI qui ne se rendent pas doivent être tués, quelle que soit leur nationalité".
Selon plusieurs officiers irakiens, des prélèvements ADN sont effectués par les services de renseignements occidentaux, français compris, sur les cadavres des jihadistes.
Au début de la bataille, il y a huit mois, les jihadistes privilégiaient embuscades, snipers et voitures piégées. Puis, dans les ruelles étroites de la vieille ville, ils ont envoyé de plus en plus de kamikazes.
Dans les derniers secteurs où ils sont aujourd'hui retranchés, parfois avec leurs familles, "ils attendent dans les maisons, et quand nos forces y entrent, ils ouvrent le feu ou se font exploser", explique le lieutenant-colonel Haider. "C'est la seule stratégie qu'il leur reste".