Jusqu'à 400 migrants ont disparu dans le naufrage d'une embarcation de fortune dimanche en Méditerranée, selon les 150 survivants, débarqués mardi matin en Italie. Partie de Libye, leur embarcation où s’entassaient 550 passagers, essentiellement d’origine subsaharienne, dont de nombreux mineurs, aurait chaviré à la suite d’un mouvement de panique, au moment où les secours étaient en vue. Les gardes-côtes italiens ont indiqué avoir sauvé 145 migrants agrippés à leur embarcation. Aucun autre survivant n'avait été retrouvé en dépit de recherches intensives, y compris aériennes, lundi et mardi
Cette énième catastrophe maritime, si elle devait être confirmée, a provoqué la colère de plusieurs ONG et organisations internationales qui pointent du doigt la nouvelle politique européenne. "En demandant l'arrêt de l'opération de sauvetage Mare Nostrum qui avait sauvé 17.000 vies, pour la remplacer par Triton, une mission de surveillance seule, l'UE tourne le dos à ses responsabilités et menace clairement des milliers de vies humaines", a réagi Amesty International.
Les départs ne diminuent pasAlors qu'un temps calme et printanier s'est installé sur la zone depuis quelques jours, les passages entre la Libye ou la Tunisie et les côtes italiennes se sont multipliés. Pendant le week-end, les gardes-côtes de la Péninsule auraient porté secours à 42 bateaux chargés au total de plus de 6.500 migrants dimanche 12 et lundi 13 avril. "Les départs ne diminuent pas: la peur de mourir ne dissuade pas", a relevé sur Twitter la porte-parole du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) en Europe du Sud, Carlotta Sami.
Plus de 10.500 arrivées ont été enregistrées depuis le début du mois en Italie où les structures d'hébergement des demandeurs d'asile accueillent déjà plus de 80.000 personnes. Originaires essentiellement d'Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, ces migrants s'efforcent de gagner l'Europe à la faveur du chaos régnant en Libye.
Ce chaos provoque le départ d'un nombre croissant d'enfants non accompagnés, a souligné l'ONG Save the children, qui évalue leur nombre à 8% du total des migrants qui entreprennent la traversée. Signe de la confiance des passeurs au large de la Libye, plusieurs d'entre eux ont ouvert le feu lundi sur deux navires engagés dans l'opération "Triton" pour récupérer une embarcation dont les passagers venaient d'être secourus.