Mohamed Laâraj, ministre de la Culture et de la communication, confirme la situation financière désastreuse de la chaîne de télévision 2M. C’était hier, lors de sa réponse à la question orale posée par Azzedine Zekri, du groupe parlementaire de l’UMT à la Chambre des représentants. «La société SOREAD 2M se trouve dans une situation financière inquiétante et c’est ce qui ressort d’un certain nombre de rapports administratifs et financiers», a déclaré le ministre.
Mohamed Laâraj a également annoncé qu’une réunion aura lieu très prochainement avec le ministère des Finances pour trouver une solution urgente.
Azzedine Zekri lui a rétorqué: «à travers votre réponse, on comprend que le gouvernement a failli à ses responsabilités vis-à-vis de la chaîne». Dans son commentaire à la réponse du ministre, le syndicaliste a ajouté que la politique gouvernementale n’avait pas réussi à sauver 2M de la faillite puisque l’augmentation de capital décidée en 2016 n’avait toujours pas eu lieu. «Au lieu d’augmenter le capital de la chaîne comme cela a été entériné durant le conseil d’administration de 2M en 2016, le gouvernement ne fait que diminuer la subvention et ne fait plus bénéficier SOREAD 2M de la taxe sur l’audiovisuel que les citoyens paient de leur poche depuis 1998».
Contacté par le360, Mohamed El Wafy, secrétaire général du syndicat du personnel de 2M, a réagi à la réponse du ministre de la communication. «Mohamed Laâraj n’a fait que jeter la responsabilité sur le ministère des Finances. Le ministre n’a pas expliqué pourquoi l’augmentation de capital n’a pas eu lieu et pourquoi la subvention de l’Etat a diminué depuis 2005», a-t-il dit. Ainsi, selon Mohamed El Wafy, le ministre n’apporte aucune réponse aux interpellations du groupe parlementaire de l’UMT.
Le syndicaliste explique qu'en 2005, la subvention annuelle du gouvernement était de 133 millions de dirhams et maintenant il y a 65 millions de dirhams bruts dont il faut ôter les 20% de la TVA.
«Ceci en sachant que les besoins réels de la chaîne sont de 700 millions en chiffre d'affaires. Cela veut dire que la subvention constitue à peine 4% du chiffre d’affaires».
La subvention publique de 2M, 52 millions de dirhams en 2017, le gouvernement y inclut même l’investissement, or ce n’est pas possible. «Cette subvention ne couvre en réalité ni les salaires, ni la production, ni les cahiers de charge, ni l’information. Par exemple, le budget de la direction de l’information c’est presque 200 millions de dirhams par an. Ce qui signifie que la subvention de l’Etat est insignifiante», explique Mohamed El Wafy.
Les engagements du gouvernement signifiés dans la loi-cadre 77/03, qui stipulent qu’un contrat programme entre l’Etat et l’opérateur, imposent au gouvernement le financement du cahier des charges.
Le seul et unique contrat-programme signé couvre la période 2009-2012, depuis plus rien. Mohamed El Wafy explique que ce contrat programme est d’ailleurs paradoxal. «En 2012, le gouvernement a pris la décision de considérer ces enveloppes comme étant la part gouvernementale dans l’augmentation du capital de 2M. Ce qui est en soi une contradiction».