Le Feuilleton Fath El Andalous continue de faire couler beaucoup d’encre sur les réseaux sociaux. Et ce n’est ni la prestation des acteurs, ni la mise en scène du réalisateur Koweitien Mohamed El Anzi qui y est contestée, mais plutôt les origines marocaines du conquérant Tarik Ibn Zyad. Les Algériens ont une fois de plus voulu faire de la réappropriation culturelle en revendiquant le fait que ce personnage historique soit originaire de cette terre qui n'était pas encore l'Algérie, à cette lointaine époque. Alors, Tarik Ibn Ziyad est-il marocain ou algérien?
Dans une interview pour Le360, Wissam Shahir, responsable de la filière des études africaines à l’université des lettres et des sciences humaines d'Oujda met fin à ce débat jugé stérile et remis au goût du jour suite à la diffusion depuis le début du ramadan de cette série, diffusée sur Koweit TV, MBC1 et Al Aoula.
«C’est devenu une habitude de notre voisin algérien de falsifier l’histoire des personnalités marocaines. Les Algériens souffrent d'un complexe de l’histoire», explique-t-il d'emblée.
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Cet historien déclare qu’il existe en tout trois hypothèses sur l'origine avérée de Tarik Ibn Ziyad. L’une des versions, celle de l’historien Mohammed Bnou Moussa Arrazi Al Andaloussi, soutient que Tarik Ibn Ziyad est d’origine perse. «Mais nous savons que le livre de cet historien a été détourné et de ce fait, cette thèse est rejetée», souligne Wissam Sharir.
La deuxième hypothèse, celle évoquée par Ibn Khaldoun, soutient que Tarik Ibn Zyad est arabe.
D’autres historiens, et ils sont nombreux, défendent une troisième hypothèse, celle sur l’origine amazighe de ce célèbre chef militaire, et évitent même d’évoquer le discours qu'il a prononcé en Andalousie.
L’historien Ibn Odari, aurait d’ailleurs dit que Tarik Ibn Ziyad était amazigh, d'un père converti à l’islam durant la première conquête en Afrique du Nord et qui s'est installé dans nos contrées. Voici là une première preuve que Tarik Ibn Zyad est bien marocain.
Une autre preuve, la seconde, c’est la description physique apportée par l’historien andalou Abdelmalek Ibn Habib lorsqu’il rappelle qu’il était très grand de taille, et à la carrure forte. «Ce sont là effectivement des caractéristiques physiques que l’on retrouve spécialement chez les habitants du Nord du Maroc», rappelle cet interlocuteur.
Enfin la troisième preuve de la marocanité de Tarik Ibn Ziyad, c’est le fait que les Omeyyades, et à leur tête Zouhair Ibn Kaiss Al Balaoui, avaient pour politique de nommer des locaux aux postes de dirigeants. «On sait que Tarik Ibn Zyad a été désigné wali de Tanger. Cela n’aurait pas pu être le cas s’il n’était pas Marocain», conclut Wissam Sharir.
Voilà qui devrait lever une bonne fois pour toutes la confusion sur les origines bel et bien marocaines de ce grand conquérant, mort en 720 Ap. J.-C. à Damas, dans l'actuelle Syrie.