«C’est la rumeur qui circule à Paris depuis près de trois mois. Emmanuel Macron a trouvé frustrante l’absence de majorité à l’Assemblée nationale: c’est une régression par rapport à son premier mandat, lorsque le parti de l’autoproclamé “Jupiter” jouissait d’une confortable majorité. (…) On dit que le président joue avec l’idée de convoquer des élections générales (législatives) anticipées», écrit la publication britannique.
«Macron pense qu’il pourrait gagner facilement, cela est devenu de plus en plus improbable compte tenu de la réponse à sa réforme bâclée des retraites», poursuit le journal.
Et d’enchérir: «L’idée est que, comme le général de Gaulle en 1969, il préférerait démissionner en pompe plutôt que de subir une “cohabitation” avec un Premier ministre de l’opposition, comme François Mitterrand l’a fait en 1986-88 avec Jacques Chirac, et Chirac lui-même a dû le faire entre 1997 et 2002 avec le socialiste Lionel Jospin.»
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En théorie, toujours selon The Telegraph, Macron devrait prendre ses distances, laissant un successeur (probablement Marine Le Pen ) pour faire face à un pays polarisé, surtaxé, étouffé par les dettes, ses infrastructures, son système scolaire et son service de santé saturé, incapable de freiner l’immigration.
«Sans douter de lui-même, le président estime que personne ne peut faire mieux que lui dans les cinq prochaines années: âgé de seulement 50 ans, il pourrait alors se représenter en 2028, son absence annulant la limite constitutionnelle de deux mandats consécutifs», explique The Telegraph.
«Inutile de préciser que la rumeur a été démentie: d’une part, l’interprétation optimiste du droit constitutionnel sur laquelle elle repose devrait être validée par le Conseil constitutionnel français. D’autre part, cela suppose que le pays réclamerait plus à Macron après un mandat de Le Pen», analyse le quotidien britannique, ajoutant que «certains récits disent que le président est sûr du succès», tandis que «d’autres soulignent que si Le Pen ne réussissait pas, on se souviendrait surtout de lui comme de l’homme qui lui a donné les clés de l’Élysée».
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«Mais contre ces lectures sinistres des urnes, se dresse l’ennui existentiel de Macron. À de nombreux égards, il ne s’intéresse plus aux affaires intérieures. L’an dernier, alors qu’il se présentait à nouveau, son rêve était de marquer les affaires internationales. D’où ses visites à Vladimir Poutine, et ses plans grandioses pour l’Europe, qu’il a d’abord exposés dans un long discours à la Fidel Castro à la Sorbonne en septembre 2017», analyse la publication britannique.
«Pour donner un exemple (concret), il s’avère que le plan de Macron visant à créer (…) des “licornes technologiques européennes” avec de grosses subventions accordées par les bureaucrates est mort de la même manière que le vaccin français anti-Covid encore inexistant; l’unité politique de l’UE a été ravivée par la guerre en Ukraine, où le leadership est venu du nord, du centre et de l’est de l’Europe, pas de la France; et l’OTAN s’est réveillée de son prétendu coma en tant que seul organe de défense capable de peser de tout son poids dans une situation de guerre réelle», ajoute le journal.
Et de conclure: «Reste à savoir si le rêveur de l’Élysée veut encore lancer les dés électoraux. Ses sondages sont mauvais. Jamais élu à un autre poste de sa vie, il n’a pas le poids parlementaire pour forcer des alliances utiles. Ses choix sont maintenant un long adieu boiteux de trois ans et demi, ou un jeu flamboyant de roulette russe. Il n’a probablement l’estomac ni pour l’un ni pour l’autre.»