Maroc–France: le sujet très orienté de France3…

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A la veille de la présentation devant le Parlement français du nouvel accord judiciaire entre le Maroc et la France, la télévision publique a ouvert son antenne aux détracteurs attitrés du royaume. La défense de l’Etat marocain, elle, n’a pas droit de cité.

Le 02/06/2015 à 17h30

Lundi 1er juin, le bulletin d’information du journal du soir de France 3 a consacré un sujet à l’accord judiciaire entre la France et le Maroc, présenté ce mardi 2 juin au Parlement français. Et le traitement consacré est loin d’être purement informatif. Bien au contraire, il est même très orienté de telle manière que le Maroc est présenté comme le royaume où de hauts responsables sont d’impitoyables bourreaux…

Pour «vendre» cette image, la rédaction de France 3 a bien évidemment fait appel à l’affabulateur de service, l’incontournable Zakaria Moumni qui écume les plateaux télés et les rédactions de magazines pour déblatérer son venin au sujet d’un pays qui lui a pourtant tant offert (deux agréments, entre autres). Et pour présenter le champion du monde du racket et du mensonge, le journaliste a du se creuser les méninges pour sortir la formule-choc: «Zakaria Moumni, champion du monde de kick-boxing a 19 ans. Des coups, il en a donné, mais il n’en a jamais autant reçus qu’au Maroc en 2010 quand il a été arrêté par des policiers en civil».Or, si le rédacteur avait vraiment poussé son enquête un peu plus loin, il aurait su que le palmarès de Moumni est en toc et ne lui donne certainement pas le droit au poste de conseiller au ministère des Sports qu’il n’a cessé de réclamer avant d’aller quémander 5 millions d’euros. France 3, elle, le présente comme un «battant», dit qu’il n’a fait que demander «un poste d’entraîneur» et, bien évidemment, passe sous silence ses démêlés avec la justice marocaine devant laquelle il est poursuivi pour plusieurs affaires de diffamation.

Le gendre idéalMais il fallait bien présenter Moumni comme le gendre idéal, car le sujet de France 3 visait la personne qui subit depuis près de dix-huit mois les calomnies de ce repris de justice. Il s’agit bien évidemment de Abdellatif Hammouchi, patron de la DGSN et de la DGST, que les journalistes de la chaîne française ont cherché à diaboliser. Pour ce faire, ils sont allés chercher l’ACAT girl, Hélène Leglay alias la militante virtuelle, qui a décidé de faire sienne la cause d’un égorgeur de soldats et d’un trafiquant de drogue qui prétendent avoir subi des séances de torture de la part des éléments de la DGST. Dans le sujet, on rappelle aussi la convocation envoyée à Abdellatif Hammouchi le 20 février 2014 «alors qu’il se trouvait en France». Or, rien ne prouve que le patron du renseignement marocain était sur le sol français, ce qui suffit pour considérer cette convocation illégale…

Et pour tenter de crédibiliser davantage son sujet, France3 est allé toquer dans la porte d’Amnesty qui a décidé cette année de coller au Maroc, l’image d’un pays où la torture est monnaie courante. Geneviève Garrigos, qui dirige l’antenne française de l’ONG internationale, ressasse les mêmes chiffres, sortis d’on ne sait où, et qui font état de quelque 173 prétendus «victimes de torture» au royaume. Elle enrage à l’idée de voir le nouveau protocole d’accord judiciaire entre le Maroc et la France amorcer la dernière ligne droite avant son adoption définitive. «Avec cet accord, actuellement en discussion au Parlement français, le dossier (Hammouchi) serait fermé en France et il reviendrait uniquement à la justice marocaine de faire la lumière. Or, compte tenu des résultats du rapport d’Amnesty, on peut en douter». C’est dire à quel point cette ONG méprise notre système judiciaire et œuvre pour que le Maroc ne puisse jamais reprendre sa souveraineté en la matière.

Mais ce qui est encore plus choquant dans le sujet de France3, c’est qu' à aucun moment les journalistes n’ont pris attache avec l’avocat représentant l’Etat marocain et Abdellatif Hamouchi dans ces différentes vraies-fausses affaires. Pourtant Me. Ralph Boussier est installé à Paris et parle volontiers aux médias. Pas plus tard, que la semaine dernière, il a accordé une interview à nos confrères de Maroc Hebdo où il démontre point par point, les accusations qu’il considère comme «bidons» contre le haut responsable marocain. Mais ce son de cloche, qui aurait donné de l’objectivité au travail journalistique de France3, le média n’a pas voulu l’entendre. C’est le propre d’un sujet à charge!

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 02/06/2015 à 17h30