«Dès 2012, j’ai entrepris une tournée des capitales maghrébines pour tenter un rapprochement entre le Maroc et l’Algérie sur la question de l’abrogation des vieilles frontières qui sont une aberration aussi bien pour les peuples que pour les États, mais le niet est toujours venu des dirigeants algériens», assène l’ex-président tunisien, dans une interview au site d’information russe «Sputnik», postée sur son fil Facebook.
Dans cette interview, l’ex-président tunisien ne mâche pas ses mots contre les apparatchiks algériens fossilisés, pointés nommément pour leur tentative de freiner l’élan révolutionnaires qui anime, depuis le 22 février dernier, le peuple algérien frère, tout en fondant son espoir sur «ce grand peuple» algérien pour chasser le régime en rupture de ban.
«Les dirigeants algériens, aujourd’hui déchus ou en prison, ont eu très peur de la révolution en Tunisie. Ils voyaient d’un très mauvais œil le gouvernement démocratiquement élu et le début de la lutte contre la corruption. Ils ont donc appuyé de façon directe et indirecte l’ancien régime mais ce qu’ils redoutaient le plus, la contagion tunisienne, a fini par arriver chez eux. Hélas, au moment où la Tunisie est elle-même rentrée en récession démocratique…», a-t-il déploré.
«J’ai confiance dans la détermination du peuple algérien, qui est un grand peuple. Depuis 16 semaines, les Algériens manifestent tous les week-ends et, contrairement à ce qui s’est passé en France [la crise des gilets jaunes, ndlr], il n’y a eu ni œil crevé, ni main arrachée. Ce pays est en train de donner l’exemple de la conduite d’une révolution démocratique pacifique et, surtout, d’une révolution qui ne s’en laisse pas compter.»
Pour l’ex-chef de l’État tunsien, la révolution populaire algérienne va non seulement servir de «bouclier» pour les changements à venir en Tunisie «après la fermeture de la parenthèse de la contre révolution», mais elle devrait également permettre de relancer le projet d’un Grand Maghreb (libre circulation entre l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie) que les peuples maghrébins appellent de leurs vœux.
"Contrairement aux Tunisiens, qui ont été «naïfs» en acceptant de faire la transition avec l’ancien régime, les Algériens, eux, n’accepteront pas que le système se perpétue. Dans ce cas, il y aura «une vraie rupture en Algérie» et «un rapprochement avec le Maroc deviendra alors possible», levant le principal obstacle à la réalisation d’un grand marché au Maghreb susceptible de regrouper plus de 100 millions d’habitants", plaide-t-il.
Un plaidoyer qui est celui du "Maghreb des peuples", dont le blocage est attribué, à raison, au régime voisin despotique.
Arrivé au pouvoir en 2011, à la suite d'une révolution ayant mis fin au règne de Zine el-Abidine Ben Ali, Moncef Marzouki, médecin et militant des droits de l'Homme avant d'être propulsé président par intérim, a été battu, en 2014, par Béji Caïd Sebsi. Il se positionne en tant que futur candidat à la prochaine présidentielle fixée au 10 novembre 2019.