Selon l’éditorialiste du Point Luc de Barochez, «les espoirs de libéralisation nés en 2019 lors du départ du président Abdelaziz Bouteflika (…) ont fait long feu», et «le divorce entre le peuple et ses dirigeants a été illustré par la participation indigente au référendum constitutionnel, il y a un an».
A cela, s’ajoute «la pandémie qui a aggravé les vulnérabilités de l’économie, qui s’est contractée de près de 5 % l’an dernier». «Les déficits des comptes publics se creusent, l’inflation galope, le chômage affecte un jeune sur quatre et la dépendance absolue au pétrole et au gaz (qui fournissent plus de 90 % des recettes d’exportation) rend nécessaire une reconversion profonde de l’économie que le pouvoir semble incapable d’engager», énumère-t-il.
Sans oublier, ajoute-t-il, une jeunesse qui «vote avec ses pieds: au moins 10.000 Algériens ont rejoint l’Espagne clandestinement depuis le début de l’année, à bord d’embarcations de fortune affrétées par des réseaux mafieux». «Le régime a embastillé journalistes et défenseurs des droits humains pour étouffer le Hirak, le mouvement de protestation populaire. Le divorce entre le peuple et ses dirigeants a été illustré par la participation indigente au référendum constitutionnel il y a un an. Moins du quart du corps électoral s’est déplacé», détaille encore cet éditorial.
Sur cet arrière-plan désastreux de crise politique, économique et sociale, souligne Le Point, «le pouvoir cherche son salut dans le durcissement extérieur». «Avec Paris, il a engagé un bras de fer sans issue sur l’épineuse question mémorielle. Et surtout, il a coupé les liens avec le Maroc, avec qui la relation était déjà déplorable. La rupture a été matérialisée par la fermeture, depuis le 31 octobre, du gazoduc (GME)», note l’éditorialiste.
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Pourtant, relève Luc de Barochez, «Aucun des deux n’a intérêt à une guerre. Le 6 novembre, le roi du Maroc a prôné avec raison un 'règlement pacifique de ce conflit régional artificiel'. Il serait dramatique que, dans le but de conforter un régime discrédité, l’Algérie refuse de s’engager dans la désescalade».