Baptisé Meta Verified, ce nouveau service propose aux abonnés de bénéficier d’un badge bleu de vérification, d’un accès direct au service client de l’entreprise, d’une plus grande visibilité et d’une protection supplémentaire contre l’usurpation d’identité.
Pour plusieurs analystes de Wall Street, cet abonnement ne sera pas en mesure de générer à court terme des revenus équivalents aux sommes colossales tirées des recettes publicitaires.
«Nous ne pensons pas que le nouveau service de vérification des comptes dépasse 1 à 2% du chiffre d’affaires total au cours des 18 prochains mois», prédit Angelo Zino de CFRA.
M. Zino insiste toutefois sur la nécessité pour Meta de diversifier ses sources de revenus au moment où l’inflation pèse sur les dépenses des annonceurs et où le groupe de Mark Zuckerberg fait face à une concurrence féroce sur le marché de la publicité en ligne.
Avant Meta, Twitter a déjà lancé son offre de vérification payante, qui donne accès à sa fameuse coche bleue, mais aussi à une meilleure promotion des publications, moins de publicités et la possibilité de publier des tweets plus longs.
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Ce service, qui a connu des débuts chaotiques, fait partie des grandes priorités stratégiques d’Elon Musk depuis son rachat pour 44 milliards de dollars du réseau des gazouillis.
Plusieurs internautes ont d’ailleurs soupçonné Mark Zuckerberg de plagier le patron multimilliardaire de Tesla en lançant à la hâte Meta Verified.
«Inévitable», a répondu Musk à un tweet formulant cette accusation.
Pari «risqué»
Pour Dan Ives de Wedbush Securities, le lancement d’un abonnement payant est un pari «risqué» pour Meta.
«Il pourrait y avoir un retour de bâton de la part des consommateurs qui ne voudront jamais payer un centime pour Facebook ou Instagram et cette initiative pourrait les pousser vers la sortie», a-t-il estimé.
D’autant que le prix pourrait être prohibitif pour certains: 11,99 dollars par mois pour l’offre web et 14,99 dollars via des appareils munis du système d’exploitation d’Apple ou de Google, qui prélèvent une commission sur les achats effectués dans leurs magasins d’applications.
«Pour la plupart des utilisateurs de Meta, que ce soit sur Facebook ou Instagram, cette nouvelle offre risque d’être accueillie avec un haussement d’épaules plein d’indifférence», anticipe Susannah Streeter de Hargreaves Lansdown.
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L’analyste pense toutefois que les petites entreprises et les personnalités très en vue pourront être tentées de payer pour se protéger des piratages ou pour obtenir plus de visibilité.
Fracture numérique
Le fait de rendre payante la protection accrue contre l’usurpation d’identité a également fait beaucoup réagir.
«Les dispositifs de sécurité ne doivent PAS être mis en vente», s’est indignée sur Twitter la spécialiste en cybersécurité Kavya Pearlman, jugeant que cela créerait une fracture numérique entre les plus riches et les moins fortunés.
Mme Pearlman plaide pour que les patrons des géants de la tech luttent davantage contre les escrocs et passent moins de temps à faire payer leurs clients dont ils exploitent déjà les données personnelles.
Encore plus direct, le Real Facebook Oversight Board, un groupe militant anti-Meta, a affirmé sur son compte Twitter que «Facebook voulait désormais que [les utilisateurs financent] le modèle nuisible qui alimente toute son activité».