"2M transgresse la Constitution et élimine l’amazigh de ses programmes". C’est le titre de la Une de Al Ahdath Al Maghribyia à paraître ce jeudi 29 août. A en croire le journal, à moins de trois mois de la fin de l’année, le bilan de la chaîne en matière de productions amazighes n’est guère réjouissant. "Il y a un recul du contenu amazigh sur notre télévision publique", affirme en effet le quotidien qui pointe du doigt la responsabilité de la deuxième chaîne nationale. "A voir les nouveaux contrats de la chaîne avec les maisons de production, aucun programme lié à l’identité et à la culture amazighes n’est prévu", souligne-t-il avant de conclure : "Ainsi, 2M persiste à agir à contre-courant".
Contacté par Al Ahdath Al Maghribiya, "un responsable de la chaîne reconnaît le manque de productions amazighophones, mais renvoie en partie la responsabilité au ministère de la Communication qui refuse toujours de signer le contrat-programme de la chaîne". "Une fois ce contrat scellé, la chaîne devra alors se plier aux conditions de pluralité linguistique et culturelle imposées par les cahiers des charges et la Constitution", ajoute ce responsable sur les colonnes du quotidien. Il faut dire que cela fait bien plus de huit mois que la chaîne publique n’a toujours pas signé ce fameux contrat-programme, provoquant ainsi un véritable "étouffement financier". C’est d’ailleurs par cette crise financière que le responsable justifie également l’absence de productions amazighes dans les programmes de la chaîne. Explications : "la chaîne survit grâce à des rentrées publicitaires qui demandent de l'audience. Donc, la chaîne doit diffuser les programmes les plus aptes à en générer".
La faute à qui ?
"De faux prétextes" selon Amina Bencheikh, actrice associative et membre de l’ICRAM (Institut royal de la culture amazighe), questionnée sur le sujet par le quotidien arabophone. Pour cette militante amazighe, le problème existait bien avant les problèmes financiers de la chaîne. Bencheikh ne manque pas de souligner, au passage, la responsabilité du ministre de tutelle qui, de l’avis de la journaliste, "a fait de fausses promesses et devrait présenter sa démission". Réponse de Mustapha El Khalfi : "Mon département ne peut pas intervenir dans la grille des programmes de 2M qui est libre de ses choix". Pourtant, "son département" n'était-il pas intervenu pour revoir le cahier des charges de la chaîne en lui imposant notamment la diffusion quotidienne de l’appel à la prière ou encore de retarder le JT francophone...
Il est évident que la programmation amazighe est quasi-inexistante des grilles de la chaîne. Néanmoins, si les arguments du seul responsable de 2M qui a bien voulu donner des explications -Salim Cheikh n’a pas répondu à la demande du journal- ne peuvent convaincre l’opinion publique, il faut bien admettre que la logique économique pèse dans les décisions d'une chaîne de télévision. Mais comment demander à une télé "publique" d’assurer un "service public" sans lui permettre de bénéficier d'un "soutien public" ?



