Vidéo. France: à Hyères, de jeunes créateurs laissent présager de la mode de demain, ou quand écologie rime avec couture

Un modèle de la collection "Ballroom Blitz" du créateur autrichien Maximilian Rittler, sur le podium du 35e festival de Hyères (sud de la France). 

Un modèle de la collection Ballroom Blitz du créateur autrichien Maximilian Rittler, sur le podium du 35e festival de Hyères (sud de la France).  . DR

Le 18/10/2020 à 12h34

VidéoEco-responsables, les jeunes créateurs de mode repérés au 35e festival de Hyères, dans le Var, en région PACA, ont recours aux savoir-faire ancestraux et à des matières innovantes, parfois surprenantes, pour réinventer la haute couture élitiste.

Broderies sur paille, couvre-chefs tissés ou sérigraphiés avec des cheveux, maille "haute sculpture": l'audace et l'ingéniosité ont marqué la 35e édition du festival international de Hyères qui s'achève demain, lundi 19 octobre 2020, dans le sud de la France, et reconnu comme le plus ancien concours au monde destiné aux jeunes professionnels.

En version acidulée, les filaments en plastique servant à afficher les prix décorent des vêtements de Tom Van der Borght, dans une collection loufoque. "Je tricote avec ces plastiques qu'on jette, c'est hyper intéressant d'en faire une pièce intemporelle", explique-t-il à l'AFP.

Spécialisé en performance, l'artiste belge cherche ainsi "un nouveau luxe" qui consiste à donner une seconde vie à des pièces dont personne ne veut. Comme des stocks de paillettes qu'il rachète à des magasins de son quartier ou des échantillons de fourrure végétale récupérés après Première vision, salon de l'amont de la filière mode, et dont il a fait un manteau patchwork bleu électrique et jaune.

"Trash to treasure" (de la poubelle au trésor) est le logo de l'Autrichien Maximilian Rittler. Un costume turquoise à imprimé animalier de sa collection glam rock est réalisé à partir de couvertures d'un meuble du jardin.

"La mode a besoin d'être innovante et durable, de tissus alternatifs et de l'artisanat. Nous devons être responsables de ce que nous mettons sur le marché", résume pour sa part l'Italien Andrea Grossi qui travaille avec des cuirs "végétaux" biodégradables tannés à la feuille d'olive.

Une blouse en lin de la Marseillaise Emma Bruschi est teinte avec des peaux d'oignon et l'essentiel de sa collection est faite en paille, technique "domestique" qu'elle a découverte dans un musée en Suisse. Elle a fait pousser du seigle pour produire sa propre paille pour les prochaines collections.

"On retournera à la source du vêtement, à la nature et j'espère que la mode sera à l'échelle plus humaine", souligne-t-elle.

Côté accessoires, un trio présente des couvre-chefs faits à base de cheveux. "Coupé, le cheveu est considéré comme un déchet, nous avons décidé de le regarder différemment et de le revaloriser à travers la création", explique à l'AFP Dimitri Zephir, évoquant la renaissance d'une pratique artisanale disparue au début du XXe siècle qui consistait à créer des bijoux sentimentaux avec les cheveux.

Autre vecteur de la mode durable proposé par les finalistes: des pièces transformables et unisexe pour "réduire le vestiaire" et l'adapter à toutes les morphologies.

Dans sa collection inspirée de la migration et de la réflexion sur "ce qu'on emporte et ce qu'on perd", le Belge Timour Desdemoustier multiplie les superpositions mélangeant des couleurs terreuses et flashy. Assemblée avec des boutons pression, chaque pièce peut être portée de plusieurs manières, par les hommes comme par les femmes.

"Les couches, c'est ce qui réduit le vestiaire", assure la Française Céline Shen qui applique le laçage appris à la maison de couture Alaïa. Un kit qui va avec chaque vêtement permet de l'"adapter à sa silhouette".

La démarche du Français Xavier Brisoux, qui sculpte la maille, est d'en faire un métier d'art à part entière et de proposer des "modules, épaulettes ou accessoires de chaussure" à des maisons existantes.

"Cette notion de couture, «haute sculpture» n'existait plus, pour les jeunes c'était un truc de mamie, de vieille riche. Cela revient par le biais de l'artisanat et ce sera intéressant à suivre sur la durée", commente à l'AFP Pascaline Wilhelm, directrice mode du salon Première vision.

Chantal Gaemperle, directrice des ressources humaines du groupe LVMH qui soutient le festival depuis deux décennies, se félicite du "message fort qui renforce l'engagement vert". "On voit de la relève, des idées et on est bousculé par leur profondeur", confie-t-elle à l'AFP.

Le 18/10/2020 à 12h34