Génial! C’est ce qui qualifie le mieux le détournement de la fonction respiratoire des masques de plongée sous-marine, réalisé par le docteur Renato Favero, de l’hôpital de Gardone Vol Trompia, en collaboration avec l'entreprise Isinnova, basée à Brecia, dans le nord de l'Italie.
Dans une Italie qui n’en finit plus plus de compter ses morts, avec plus de 6.000 victimes, les respirateurs sont devenus rares. Attaqués par le virus, les poumons des patients malades du Covid-19 et en état de détresse repiratoire, nécessitent en effet d'être placés sous un masque respirateur, afin de remédier à leur difficulté à respirer, une fonction vitale, et donc d'assurer une bonne ventilation de leurs organes.
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Le docteur Renato Favero a donc décidé de prendre les choses en main, et à sa manière.
Alessandro Coraioli, l’un des inventeurs de ce masque aussi simple que génial raconte ainsi dans les colonnes du quotidien Corriere della Sera: "le Dr Favero est venu nous proposer l'idée. Il avait entendu parler de notre entreprise par un confrère d'une installation pour laquelle nous créons des valves d'urgence pour respirateurs avec une impression 3D. Nous avons analysé sa proposition et conclu que le masque de Decathlon Easybreath était celui qui correspondait le mieux à sa demande".
Aussitôt dit, aussitôt fait, l’entreprise contacte alors la fiiale du groupe Decathlon en Italie, qui ne tarde pas à soutenir ce projet.
"La branche italienne a immédiatement accepté de collaborer avec ces ingénieurs. Nous avons fourni les plans techniques du masque pour les aider", explique ainsi le porte-parole de Decathlon Italie sur la chaîne française d'informations en continu LCI.
Comment ça marche?Baptisé "Easybreath", ce masque facial de plongée utilisé pour le snorkeling, conçu en 2017 par la marque Subea, présente la particularité de pouvoir voir et respirer dans l’eau aussi facilement que sur terre. Quant à l’air respiré, il entre et sort par un tuba situé en haut du masque.
L’équipe d’inventeurs a donc détourné quelque peu l’usage de ce masque initialement destiné à la plongée en recourant à une imprimante 3D pour fabriquer des raccords de connexion entre le masque et les tubes hospitaliers, en s'adaptant aux différents diamètres de ceux-ci.
"Nous avons fabriqué des produits aussi standards que possible, capables de s'adapter à la plupart des tuyaux utilisés par les hôpitaux", expliquent-ils dans cet article du Corriere della Sera.
Et parce que cette invention n'est pas destinée à un usage commercial, l'entreprise a décidé de prendre les devants.
"La valve a été brevetée pour éviter toute spéculation future, mais l'ensemble du projet est disponible en ligne et tout le monde peut télécharger la documentation et imprimer librement la valve, tant qu'ils ne l'utilisent pas à des fins commerciales", expliquent encore les inventeurs.
En Italie, on n’a pas perdu de temps en polémiques à n’en plus finir. Le premier prototype a donc été testé dans les hopitaux de Bresciano et Brescia. Et les résultats sont probants. Reste que le patient malade du Covid-19, et souffrant d'une détresse respiratoire doit tout de même signer au préalable une déclaration dans laquelle il accepte l’utilisation sur sa personne de cet appareil biomédical, qui n'a pas encore pu être certifé.
En France, le groupe Decathlon indique que des tests sont actuellement en cours et que l’entreprise travaille et accompagne techniquement quelques centres de recherches français. Mais déjà, d'autres pays européens ont décidé d'emboîter le pas à l'Italie.