Mous Lamrabat est né dans le nord du Maroc et a grandi en Belgique. À 35 ans, ce photographe reconnu exploite dans son travail sa double culture en créant des images décalées, souvent drôles, révélatrices d’une identité plurielle. L’une des dernières en date représente ainsi une femme en niqab reprenant la pose "Break the internet" de Kim Kardashian avec une théière de thé à la menthe en guise de bouteille de champagne.
Mous Lamrabat aime mélanger les genres, associer les logos de marque de luxe ou de fastfood au minimalisme d’une tenue traditionnelle ou religieuse. Louis Vuitton, Nike et surtout McDonald’s sont ainsi omniprésents dans l’univers de cet artiste qui entend faire passer un message d’amour avec humour.
Son univers, surnommé le "Mousganistan", ne plaît toutefois pas à tout le monde et l’artiste s’en est récemment rendu compte lorsque "Vogue Italia", le magazine de mode, a essuyé de vives critiques pour avoir partagé l’une de ses photos.
Comme à son habitude, le magazine a posté sur son compte instagram son coup de cœur photo du jour, en l’occurrence l’une de celles de Mous Lamrabat.
On y voit un homme noir portant une tenue blanche similaire à celle des membres du Ku Klux Klan, estampillée du signe de Nike sur le visage, au niveau des yeux.
A l’origine, partagée sur le compte instagram de l’artiste, la photo était accompagnée du commentaire suivant: "la peur du KousKousKlan est quelque chose de complexe. Et si on détournait les symboles que nous craignons pour faire en sorte qu’ils nous donnent le sourire?"
Mous Lamrabet, qui maîtrise pourtant l’art du mélange des genres et de la réflexion sur la notion d’identité, a suscité une vague de critiques lorsque cette photo a été partagée par le célèbre magazine de mode.
Accusé de faire la propagande de la haine, certains ont demandé des excuses à l’artiste marocain au nom des communautés noire et juive. "Ce que vous avez fait est honteux. Avant de poster quelque chose d’aussi offensant, vous feriez mieux de vous éduquer", a commenté un internaute.
Face à cette levée de boucliers sur les réseaux sociaux, la photo a été supprimée du compte instagram de "Vogue Italia", bientôt suivi par Mous Lamrabat lequel a remplacé la photo qui fâche par celle d’un homme avec des ballons à la place de la tête avec le commentaire suivant: "Peut-être que celle-ci sera mieux que… Je suis vraiment désolé mais les ignorants ont encore gagné… ". Et de tout effacer à nouveau, face à de nouvelles critiques.
L'expression artistique victime de la censure des réseaux sociaux... Triste monde.