La toute première célébration du Moussem des cierges de Sidi Abdellah Benhassoun, cette tradition séculaire typique de Salé, remonte au XVIème siècle, sous le règne du Sultan saâdien Ahmed El Mansour Addahbi.
Ce serait le sultan lui-même qui aurait importé au Maroc cette tradition turque après avoir séjourné à Istanbul de 1557 à 1576 et avoir été impressionné par une procession de cierges marquant les festivités de l’Aid El Mawlid.
De retour au Maroc, le Sultan décide d’imiter cette tradition ottomane. Chaque ville du royaume en fait alors sa propre interprétation. A Marrakech on fabrique des oriflammes en papier tandis que celles-ci sont peintes à Fes. Salé, cité corsaire, qui organise son premier moussem des cierges en 1569, sera la seule à initier, puis à perpétuer à travers les siècles cette tradition des cierges de cire. On doit aujourd’hui le maintien de ce précieux héritage aux familles slaouies Oubia, El Mir, El Hassouni, El Mernissi, Chakroun, et Belekbir dont certaines ont su transmettre, au fil des générations, le savoir-faire de la fabrication des cierges en cire.
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Ces familles sont ainsi, de nos jours, les garantes de la sauvegarde de cette tradition ancestrale rattachée au saint soufi Sidi Abdellah Benhassoun, qui avait été lui-même chargé du bon déroulement des préparatifs de cette procession par le Sultan Ahmed El Mansour Addahbi.
Aujourd’hui encore, comme il y a plusieurs siècles, la famille chargée de la fabrication des cierges suit un procédé de fabrication et des rituels identiques à ceux qui avaient été initiés dès le XVIe siècle. Un mois durant, les maâlems slaouis travaillent ainsi d’arrache-pied afin de de fabriquer ces cierges multicolores, dont la forme s'apparente à un minaret.
A la veille de l’Aïd Al-Mawlid, juste après la prière d'Al Asr, le procession des cierges de Salé débute alors. A la tête de ce cortège, se trouvent en premier lieu les descendants de Sidi Abdellah Benhassoun. Suivent ensuite, selon des traditions qui se perdent, d'autres descendants de familles de saints de Salé, puis les oulémas et les porteurs des fameux cierges.
Suivi et acclamé par la foule, ce cortège sillonne le vieux Salé pour finir son périple au mausolée de Sidi Abdellah Benhassoun. La soirée de ce jour sacré est ensuite marquée, comme le veut la tradition, par de nombreuses festivités auxquelles sont conviées les familles nécessiteuses...