"Inventing Anna": les dessous de la série Netflix consacrée à l’arnaqueuse de la Mamounia

Anna Delvey

Anna Delvey . DR

Après avoir arnaqué le tout-New York, une prétendue richissime héritière, Anna Delvey, entre-temps condamnée par la justice américaine pour escroqueries de haut vol, est en passe de devenir l’héroïne d’une série. Le casting vient d'être dévoilé.

Le 27/11/2019 à 18h41

C’est sur Netflix que sera bientôt diffusée la série «Inventing Anna» avec dans le rôle de Anna Sorokin, alias Anna Delvey, l’actrice Julia Garner. Réalisée par Shonda Rhimes, à qui l’on doit également Grey’s Anatomy ou encore Scandal, cette série de 10 épisodes d’une heure chacun, racontera l’histoire vraie de cette jeune femme de 28 ans, qui a finalement été arrêtée en 2017 pour de nombreuses escroqueries.Anna Sorokin, dite Anna Delvey, avait en effet réussi à se faire passer pour une riche héritière allemande, et avait dupé bien des membres du gotha new-yorkais, mais aussi des personnes qui s'étaient laissées escroquer au Maroc, dans le palace de la Mamounia de Marrakech, ainsi que dans un établissement hôtelier de luxe de Casablanca. 

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Arian Moayed, Anders Holm, Anna Deavere Smith, Jeff Perry et Terry Kinney font également partie de ce casting aux côtés de Julia Garner, Anna Chlumsky, Laverne Cox, Katie Lowes, et Alexis Floyd.

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De stagiaire à héritièreL’histoire vraie d'Anna Sorokin commence en 2013, quand elle décide de se nommer Anna Delvey et quitte Paris pour s’installer à Manhattan, où elle travaille comme d'abord comme stagiaire pour le magazine de mode «Purple».

En arrivant à New York, elle se présente comme une héritière allemande et prétend détenir un fonds en fiducie de 67 millions de dollars alors qu’en réalité, elle est issue d’une famille russe de la classe moyenne, ayant émigré en Allemagne en 2007.

La pseudo-héritière parvenait par ailleurs à asseoir ses mensonges grâce aux réseaux sociaux. Influenceuse de talent, elle se faisait photographier dans les soirées mondaines et les restaurants les plus chics, et était ainsi parvenue à rassembler une importante communauté de followers sur Instagram.

Une question posée par cette série Netflix est celle que tout le monde se pose: comment cette femme de 22 ans, qui parlait pourtant à peine allemand, alors même qu’elle se prétendait allemande, a-t-elle pu ainsi arnaquer et berner aussi facilement autant de monde?

Le Maroc, un terrain de jeu qui coûte cher aux victimesBien connue du Maroc, Anna Delvey avait effectué deux séjours dans des palaces, dont l’un à Marrakech, où elle avait réserve une suite à la Mamounia pour un montant de 6.000$ la nuitée. Elle y avait joué à la grande dame, en invitant ses amis à déjeuner, en payant leurs extras, leurs cours de tennis…

Parmi ses «amis», lors de ce séjour marrakchi, Rachel Williams, éditrice du magazine Vanity Fair, avait été sa principale victime.

En effet, alors que le séjour se déroulait sans embûche, Anna Delvey avait cependant été prise à partie à plusieurs reprises par les employés du palace qui lui avaient signalé que la carte bancaire enregistrée lors du check in en guise de garantie avait été rejetée.

Celle-ci s'était alors tournée vers Rachel Williams, lui demandant de lui avancer la somme due, soit 62.000 $, et en lui promettant de la rembourser.

Ne doutant pas une seconde que sa riche et si généreuse amie allait tenir sa promesse, l'éditrice de Vanity Fair s'était intégralement acquittée de la note salée de la Mamounia avec sa carte American Express, mais n’obtiendra plus tard qu’un remboursement d'un montant de 5.000 dollars de la part d’Anna Delvey.

Cette victime lui consacrera par la suite un livre, «Mon amie Anna: l'histoire vraie d'une fausse héritière», dans lequel elle explique: «avant cela, je vous aurais probablement dit que je savais juger les gens (…) Mais je n’ai pas vu Anna venir. Lorsque vous rencontrez une personne comme elle, les sonnettes d’alarme ne sonnent pas immédiatement, c’est plus lent, c’est plus subtil. Parfois, il est plus facile de croire ce que quelqu'un veut que vous pensiez de lui, que ce soit par le biais des réseaux sociaux ou de ce qu’ils vous disent, plutôt que par leur comportement».

La même histoire se répètera au Four Seasons de Casablanca. La coach personnelle de cette arnaqueuse de haut vol en fera les frais, allant jusqu’à lui payer son voyage de retour à New York… En première classe, bien entendu.

La coach n'a, quant à elle, jamais été remboursée.

Un procès griffé Celle qui se prétendait être la fille d’un magnat du pétrole ou d’un diplomate, a arnaqué son entourage ainsi que des entreprises new-yorkaises pour un montant total de 275.000 dollars. 

En avril de cette année 2019, la jeune femme, aujourd'hui âgée de 28 ans, a été condamnée à New York à une peine de quatre à douze ans d'emprisonnement après qu'un jury l'ait déclarée coupable de larcin au deuxième degré, de vol de services et d'un chef d’accusation de tentative de vol au premier degré.

Anna Sorokin a été déclarée non coupable d'une autre accusation de tentative de grand larcin au premier degré pour avoir tenté de contracter frauduleusement un emprunt de 22 millions de dollars auprès d'une banque pour créer un club d'art privé à Manhattan et pour une accusation de vol de 60.000 dollars à l’encontre de Rachel Williams.

Mais contre toute attente, l’arnaqueuse n'a fait montre d’aucun regret lors de son procès, ultra-médiatisé, qui a passionné le grand public.

Fidèle à elle-même et visiblement toujours dans son rôle d’héritière, l’accusée s'est rendue à la barre comme elle serait montée sur scène pour un spectacle.

Elle n’a d'ailleurs pas hésité à engager une célèbre styliste, Anastasia Walker, pour l’habiller lors de ses apparitions au tribunal. Et pas n’importe comment… Anna Sorokin comparaissait devant le juge dans des tnues griffées Mui Mui, Victoria Beckham, Michael Kors ou Yves Saint Laurent, tant et si bien que la procureure Catherine McCaw fera remarquer que Sorokin «se montrait plus préoccupée par sa tenue que par les émotions de ses victimes». 

Le procès a même dû être reporté quand Anna Sorokin, alias Anna Delvey, a piqué une crise de colère parce qu’elle n’avait rien de décent à se mettre sur le dos pour comparaître en salle d’audience!

Bien mal acquis ne profite pas!Si l’annonce de cette série Netflix laisse à penser qu’Anna Delvey gagnerait de l’argent grâce à la diffusion de la série dont elle est le personnage principal, il n’en est en fait rien.

Netflix a, en réalité, contacté l’accusée, alors en détention provisoire, pour lui acheter les droits de son histoire qu'elle a accepté de vendre pour la rondelette somme de 100.000 dollars.

En plus du montant forfaitaire, son contrat avec Netflix indiquait qu'elle percevrait 7.500 dollars par épisode de redevances et 15.000 dollars supplémentaires par épisode, à titre de «frais de consultation».

Mais en mai dernier, retournement de situation: le bureau du procureur général de l'Etat de New York a invoqué une loi connue sous le nom de «Son of Sam Law», du nom du célèbre tueur en série Sam Berkowitz, qui a tué six personnes lors d'une série de meurtres à New York dans les années 70.

Cette loi empêche tout criminel condamné de recevoir des «bénéfices d'un crime». En parallèle, une pétition a été lancée pour réclamer à Netflix de verser l’argent promis à Anna Delvey dans le contrat qui les lie à toutes ses victimes.

La suite de l'histoire de l'arnaqueuse de la Mamounia, au prochain épisode…

Par Leïla Driss
Le 27/11/2019 à 18h41