Ils boivent moins que les Français ou les Allemands: comment les Russes ont modéré leur consommation d'alcool

La consommation d'alcool des Russes a chuté de 43% entre 2003 et 2016.

La consommation d'alcool des Russes a chuté de 43% entre 2003 et 2016. . DR

La consommation d'alcool des Russes a chuté de 43% entre 2003 et 2016, permettant un accroissement de l'espérance de vie, selon l'OMS, le résultat d'une campagne agressive, pour un mode de vie sain, portée par les autorités.

Le 01/10/2019 à 11h26

"La Fédération de Russie a longtemps été considérée comme l'un des pays où l'on boit le plus au monde", relève un rapport de l'Organisation mondiale pour la santé (OMS) qui rappelle que l'alcool a fortement contribué à la surmortalité depuis les années 1990 et à la crise démographique qui a suivi la chute de l'Union soviétique.

"Ces dernières années, ces tendances ont été inversées", souligne l'OMS.

La Russie compte quelque 146,5 millions d'habitants soit cinq millions de moins qu'en 1991. Cette chute est due principalement à la détérioration des conditions de vie qui a entraîné à la fois une hausse de la mortalité, masculine en particulier, et une crise de la natalité.

Mais, toujours selon l'OMS, les adultes en Russie boivent désormais moins en moyenne que les Français ou les Allemands.

Selon les auteurs du rapport, la baisse de la consommation d'alcool a contribué à la hausse de l'espérance de vie, qui a atteint un niveau record en 2018, pour s'établir à 78 ans pour les femmes et 68 ans pour les hommes.

Au début des années 1990, l'espérance de vie masculine n'était que de 57 ans, quand celle des femmes dépassait tout juste 71 ans, selon les statistiques officielles.

Sous Vladimir Poutine, au pouvoir en Russie depuis 20 ans, le pays a par étape introduit des restrictions visant les spiritueux, en particulier la vodka, comme l'interdiction de vente des boissons les plus alcoolisées dans les magasins après 23h

Le prix minimum de vente au détail des alcools forts a aussi drastiquement augmenté, tandis que la publicité a été bannie et l'interdiction de vente aux mineurs très strictement appliquée.

Le président Poutine, ceinture noire de judo, qui affiche volontiers son caractère sportif, a fait de la promotion d'un mode de vie sain et de la relance démographique une priorité. Son image contraste avec celle de son prédécesseur Boris Eltsine, dont les frasques alcoolisées ont fait le tour du monde dans les années 1990.

Dans un bar moscovite, les consommateurs confirment que le rapport des Russes à l'alcool a bel et bien évolué.

"Les bars sont devenus plus civilisés, et les gens ne boivent pas jusqu'à la fin de la nuit", assure à l'AFP Roman Petchnikov, informaticien de 38 ans.

"En effet, nous buvons moins maintenant, en tout cas certains d'entre nous", reconnaît Alexandre Soukhontsev, employé de banque, 28 ans, expliquant que les gens n'ont "pas le temps" du fait de leurs emplois du temps chargés.

L'ancien dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev avait lui aussi lancé une campagne très impopulaire contre l'alcoolisme, interdisant partiellement la vente des spiritueux au milieu des années 1980. Mais après la chute de l'URSS en 1991, la consommation d'alcool a explosé et n'a cessé d'augmenter jusqu'au début des années 2000.

Outre la lutte contre l'alcoolisme, les autorités russes ont aussi lancé une vaste campagne contre le tabagisme, l'interdisant dans les lieux publics fermés mais aussi dans certains endroits extérieurs comme de nombreux parcs. A partir du 1er octobre il sera même interdit de fumer sur son balcon. Le nombre des points de vente a aussi été drastiquement réduit.

L'effet se fait sentir : la consommation de tabac a chuté de plus de 20% entre 2009 et 2016, même si 30% des Russes restent fumeurs, selon la dernière enquête mondiale sur le tabagisme chez les adultes (Global Adult Tobacco Survey).

Outre ces politiques visant la mortalité et afin de relancer la démographie, le gouvernement russe tente aussi d'agir sur la natalité notamment avec un programme d'allocations familiales plus incitateur.

Le 01/10/2019 à 11h26