Classement: Marrakech au top 10 mondial des endroits les plus propices aux intoxications alimentaires? (Infographie)

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Voilà une étude peu amène pour le royaume. Si la gastronomie marocaine brille à travers le monde, un récent classement pointe du doigt les nombreux cas d’intoxications alimentaires répertoriés à Marrakech.

Le 21/08/2019 à 16h29

"Si vous envisagez déjà de réserver les vacances d'été de l'année prochaine ou de planifier une escapade tardive, de nouvelles recherches pourraient vous épargner beaucoup de douleur… dans le ventre."

C’est en ces termes peu élogieux que le Daily Mirror, publication britannique, introduit dans un article la nouvelle étude menée par Sick Holiday, des experts en réclamations pour maladies contractées pendant un voyage, et la société spécialisée en intolérance alimentaire YorkTest.

Les deux organismes ont élaboré un classement sur la base de plaintes de touristes répertoriées et 10 villes à risque ont ainsi été épinglées.

Le top 10 des villes où il ne fait pas bon mangerEn première, et donc pire, position, la ville de Hurghada en Egypte qui a cumulé selon l’étude 380 cas d’intoxication signalés au cours de la période 2017-2018.

Lieu de vacances préféré des Britanniques, avec plus de 60.000 vacanciers en 2018, la ville constitue à elle seule 95% de toutes les demandes d'indemnisation de Sick Holiday en Égypte. "Le niveau de maladie que nous observons pendant certaines vacances est très préoccupant. Depuis deux ans, nous avons reçu une plainte concernant Hurghada plus d'une fois tous les deux jours, un chiffre énorme pour un si petit complexe hôtelier", déclare ainsi Richard Conroy de Sick Holiday.

Pourquoi y aller tout de même alors? A en croire la publication britannique, Hurghada s’est imposée auprès des touristes allemands et britanniques après les attentats de Charm El Cheikh et réussit par ailleurs le pari d’allier une météo fiable et des offres touristiques peu chères. 

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La deuxième place est attribuée à Punta Cana en République dominicaine, avec 211 cas signalés.

Suivent ensuite le littoral de la Riviera Maya sur la péninsule du Yucatan au Mexique, qui comprend le complexe populaire de Playa del Carmen. En 2017 et 2018, 182 cas de maladie y ont été enregistrés.

Au cours de la même période, 108 incidents ont été signalés à Antalya en Turquie, 95 au centre de villégiature de Cancun au Mexique, 84 à Boa Vista au Cap-Vert et enfin 83 à Marrakech, au Maroc.

Et pour clore ce classement indigeste, on épingle en 8ème position, Sal au Cap Vert avec 68 cas, Majorque en Espagne avec 66 cas et enfin Benidorm, toujours en Espagne avec 62 cas d’intoxications alimentaires.

Les mises en garde des touristes au sujet du MarocSick Holiday liste sur son site tous les endroits à risque à travers le monde et le Maroc en fait partie, notamment les villes d’Agadir, Casablanca, Marrakech, Rabat, Safi et Tanger.

Au sujet du Maroc, le site explique ainsi que "depuis les années 90 , le Maroc a gagné en popularité au point qu’aujourd’hui le pays attire plus de 8 millions de voyageurs chaque année." Une "destination idéale pour des vacances all-inclusive et des touristes à la recherche d’une escapade exotique mais relaxante."

Et de poursuivre, "malheureusement, certaines vacances de rêve sont gâchées par des maladies qui auraient pu été évitées si les resorts prenaient plus de précautions sanitaires."

Epinglé à plusieurs reprises à en croire cet organisme, le Maroc a été répertorié pour des cas d’intoxications alimentaires incluant diarrhées et vomissements. "Malgré le fait que les standards d’hygiène se soient améliorés dans bon nombre de resorts, certains visiteurs ont signalé des cas de piscines sales et de nourritures pas assez cuite."

Sickholidays.com relève également que les cas les plus fréquents de maladie concernent la dysenterie, une infection bactérienne pouvant entrainer de sévères diarrhées, des crampes à l’estomac, et dans de rares cas entraîner le pronostic vital.

Et de prévenir "souffrir de maladies pendant des vacances all-inclusive au Maroc peut non seulement entraîner des problèmes de santé mais aussi engendrer des frais médicaux sur place qui peuvent laisser le voyageur sans argent."

L’organisme y va enfin de quelques recommandations. "Bien que tous les touristes se rendant au Maroc soient prévenus qu’il ne faut boire que de l’eau en bouteille, ils doivent aussi être conscients que les piscines peu entretenues peuvent entraîner de graves maladies telles que la Gastroentérite."

Malheureusement, ni ladite étude ni le site de Sick Holiday ne repértorient les établissements hôteliers ou de restauration où les touristes pensent avoir contractés de telles maladies. Un flou qui entâche pour la peine la réputation de villes touristiques marocaines sans pour autant avancer de preuves concrètes à même de répertorier les endroits à forts potentiels de contamination.

Comment expliquer ces cas d’intoxications ?Richard Conroy de Sick Holiday, juge ainsi très "préoccupant" qu'une proportion aussi élevée d'intoxications alimentaires soit attribuée à une portion côtière aussi courte, dans le cas d'Hurghada. Mais à l’en croire, les températures sont en cause.

"Dans les stations balnéaires telles que Hurghada, la nourriture tiède servie à une température de 35 ° C est une température de croissance idéale pour les bactéries dangereuses."

"Si vous maintenez la nourriture à la mauvaise température, que vous la conservez assez longtemps, et qu'elle a été contaminée par des contaminations croisées, vous délivrerez des bactéries pathogènes."

"Nombre de ces cas d'empoisonnement et de maladie proviennent de stations balnéaires où la nourriture est laissée de côté pendant de longues périodes avant d'être réchauffée."

Et d’ajouter enfin: "une seule mouche peut déposer jusqu'à 1 000 microbes en se posant sur des aliments qui attendent d'être servis et qui ont parfois été laissés dans la chaleur pendant des heures. Pendant tout ce temps, le plat deviendra de plus en plus dangereux."

Quels sont les risques encourus pour la santé?"Les intoxications alimentaires tuent 420 000 personnes par an dans le monde et touchent 600 millions de personnes par an" explique Richard Conroy de Sick Holiday.

Et de poursuivre, "nous avons traité des clients souffrant de douleurs articulaires invalidantes dues à la salmonelle et des personnes ayant développé un syndrome du côlon irritable post-infectant persistant à la suite d'une exposition à la salmonelle ou à E. coli."

Le Dr Gill Hart, directeur scientifique de YorkTest Laboratories, spécialiste de l'intolérance alimentaire, invite quant à lui les touristes à être extrêmement vigilants dans les zones à haut risque, car les intoxications alimentaires peuvent entraîner des effets secondaires persistants après la disparition de la maladie.

"Une intoxication alimentaire peut ruiner une semaine au soleil, mais dans certains cas, elle peut entraîner de graves problèmes de santé" déclare le biochimiste.

"Un épisode particulièrement virulent peut évoluer en intolérance alimentaire à long terme, avec des symptômes pouvent inclure fatigue, maux de tête, ballonnements et migraines. Chaque année, des milliers de personnes sont également victimes du syndrome du côlon irritable, conséquence directe d'une intoxication alimentaire difficile à gérer et pouvant causer de graves douleurs abdominales, des ballonnements, des crampes, des gaz, la diarrhée et la constipation" conclut l’expert.

Par Leïla Driss
Le 21/08/2019 à 16h29