Le virement interbancaire instantané adopté au Maroc met à rude épreuve les établissements de paiement. Les banques vont de facto marcher sur les platebandes des opérateurs de transfert d’argent. «Plus encore, elles vont transférer de l’argent en instantané sur les comptes bancaires des usagers, dispensant les clients de se déplacer pour aller faire la queue auprès des agences et espaces de transfert d’argent», relève le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du lundi 5 mai. Une question de métier. Les organismes de transfert de fonds ont pour attribut de transférer rapidement de l’argent par rapport aux virements bancaires. Cette nouvelle donne va les concurrencer.
«Les banques disposent d’un réseau assez dense et important. Cela va être un argument commercial qui ne manquerait pas de porter préjudice aux organismes de transfert de fonds», estime Omar Bakkou, économiste et spécialiste de la politique de change, cité par le quotidien. Le fait est que le transfert d’argent demeure cher au Maroc. Le terrain de jeu sera donc le prix.
Sachant que certains acteurs sont des filiales des groupes bancaires, une synergie des efforts et des offres n’est pas à exclure. «Une chose est sûre, le virement instantané pourrait contribuer à faire émerger le mobile-banking au Maroc, qui tarde encore à voir tout son potentiel pleinement exploité par les usagers des services bancaires. Ce sera probablement un nouveau terrain de concurrence entre acteurs des services financiers», lit-on-on.
Autre effet attendu: la baisse de la circulation du cash. En 2022, la circulation du cash a plus qu’augmenté, avec une envolée spectaculaire de 10,8%, pour s’établir à 354,82 milliards de dirhams. L’une des raisons qui l’expliquent est souvent liée aux habitudes de consommation des Marocains, dont la majorité n’a pas forcément le réflexe d’envoyer de l’argent via le portable, préférant souvent se déplacer dans les guichets des opérateurs de transfert d’argent.
«L’entrée en vigueur du virement instantanée est une excellente chose. Cela permettra d’effectuer les paiements plus aisément, car on ne sera plus obligé de se déplacer avec l’argent sur soi. C’est donc un gain de temps. Et il faut le rappeler, le temps c’est aussi de l’argent et cela agit sur le coût. Mais il faudrait, pour réussir cette pression à la baisse sur les tarifs, réfléchir à la question des paiements mobiles, afin de favoriser cet instrument et son développement en tant que moyen de transfert d’argent», explique l’économiste.