Vidéo. Scandale de la pêche illégale: après l'espadon, la courbine

DR

Cette vidéo tournée dans la zone du port de Dakhla, récemment, immortalise une capture illégale de courbine et le stratagème qu'utilise un grand navire de type "senneur" pour contourner l'interdiction de la pêche de cette espèce de poisson. Explications.

Le 23/01/2017 à 15h35

Ces images exclusives, tournées dans les environs du port de Dakhla, récemment témoignent de l’effort et de la joie qui accompagnent une prise fructueuse. Mais, elles dissimulent une autre réalité: celle de la pêche illégale d'une grande quantité de poisson.

Ce ne sont pas en effet les petites barques visibles sur ces images qui pêchent, mais plutôt «le grand bateau. Il s'agit d'un senneur côtier, dit également sardinier», explique à le360, un professionnel du secteur halieutique. Or, «ces navires n’ont pas le droit de pêcher d'autres espèces que les petits pélagiques: sardines, maquereaux... Il leur est interdit de cibler la courbine», précise notre source.

En fait, pour comprendre le problème, il faut d'abord s'intéresser à la technique de pêche de ce genre de navires, appelés "senneurs" parce qu'ils recourent aux "sennes".

Pour les novices, les sennes sont des filets triangulaires utilisés en surface pour encercler les bancs de poissons. Selon le site de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, «les sennes tournantes peuvent dépasser une longueur d’un kilomètre pour une hauteur de 100 à 200 mètres. Des flotteurs sont fixés sur la partie supérieure tandis que la partie inférieure est lestée. Une coulisse permet le boursage de la partie inférieure du filet».

Toujours de même source, il est expliqué qu’«à la fin de l’encerclement et pour éviter la fuite des poissons par le fond, le filet est fermé par le bas au moyen d’un câble spécial appelé coulisse (opération de boursage). La poche fermée est ainsi constituée puis elle est ensuite réduite progressivement pour pouvoir prélever la capture à l’aide d’une épuisette spéciale appelée salabarde».

Chose importante: cette technique de pêche ne peut être pratiquée que sur des espèces pélagiques, y compris au Maroc.

Sur ces images, on voit que la pêche concerne un grand banc de courbine. Mais comme «Il est interdit aux bateaux-senners de débarquer au port avec cette capture, ces senners font alors appel aux barques artisanales, pour qui la pêche de cette espèce n’est pas prohibée pusiqu'elles sont considérées comme des palangriers», indique notre professionnel.

En somme, cette capture illégale pêchée par un senneur sera débarquée dans le port par des barques qui, en réalité, ne l’ont pas pêchée.

Pire encore, nos différentes sources s’accordent à confirmer que «ces senneurs sont les sardiniers de Dakhla qui ont initié la dernière grève».

Côté législation, les choses sont on ne peut plus claires. Ce crime est puni par la loi qui fixe une peine de prison allant jusqu’à une année et une amende pouvant atteindre un million de dirhams ou l'une des deux peines.

«Si ce navire recourt aux services de ces barques, c’est pour contourner le contrôle devenu plus sévère dans les ports», confie notre professionnel.

En effet, le département de la pêche a créé une nouvelle direction centrale. Elle est dédiée au contrôle et elle centralise toutes les prérogatives de surveillance qui étaient autrefois éparpillées entre différentes directions (pêche aquaculture et industrie). Mais il est évident que les senneurs ont plus qu'une corde à leur arc. 

Par Imane Azmi
Le 23/01/2017 à 15h35