La crise économique consécutive à la pandémie pourrait-elle se révéler plus meurtrière que celle du coronavirus? Pour Donald Trump, la réponse est claire. C'est "oui".
Dans une interview retransmise sur la chaîne Fox News, mardi 24 mars, le président américain s'est montré particulièrement alarmiste quant à la situation économique et sanitaire que connaît son pays du fait de la pandémie. "On perd des milliers et des milliers de personnes chaque année à cause de la grippe, et on ne met pas le pays à l'arrêt", a-il affirmé à cette occasion.
"On peut perdre un certain nombre de personnes à cause de la grippe. Mais on risque de perdre plus de personnes en plongeant le pays dans une récession grave ou une dépression", a-t-il précisé, évoquant la possibilité de «milliers de suicides» et de «troubles».
Donald Trump a manifesté mardi son impatience face à la crise sanitaire et dit miser sur une levée "rapide" des restrictions, d'ici mi-avril pour une partie du pays, malgré la forte accélération des décès dus au nouveau coronavirus aux Etats-Unis. "Il faut retourner au travail, beaucoup plus tôt que les gens ne le pensent", a lancé le président américain sur la chaîne Fox News.
Tout en concédant que les restrictions dureraient un peu au-delà des quinze jours initiaux, il a promis de "rouvrir" le pays "rapidement", expliquant que l'on commençait à voir "une lumière au bout du tunnel". "J'adorerais rouvrir d'ici Pâques", qui tombe cette année le 12 avril, a-t-il ensuite dit à plusieurs reprises, assurant, en dépit des réserves de nombreux scientifiques et responsables locaux, que cette échéance était réaliste à condition que les gens retournent au travail "en pratiquant la distanciation sociale".
Il a plus tard précisé que cette "belle échéance" de Pâques vaudrait surtout pour les parties les moins peuplées du pays et où l'épidémie aurait été considérée comme contenue, comme "des grandes portions du Texas, des territoires dans l'Ouest". Anthony Fauci, spécialiste des maladies infectieuses au sein de l'équipe de lutte contre le Covid-19, a prôné la "flexibilité" dans l'assouplissement des restrictions qui doivent se faire "sur une base quotidienne ou hebdomadaire".
Le milliardaire républicain s'était résolu à émettre il y a une semaine des recommandations très strictes. Mais alors que 40% de la population américaine est confinée chez elle ou sur le point de l'être -- les restrictions variant d'un Etat à l'autre --, il ne cache pas à présent sa crainte de voir ces mesures draconiennes et l'arrêt de l'activité s'éterniser.
Le Pentagone lui-même s'est montré moins optimiste en tablant sur "plusieurs mois" de crise, avec un retour à la normale vers juin-juillet seulement aux Etats-Unis. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a d'ailleurs prévenu mardi que les Etats-Unis pourraient bientôt dépasser l'Europe et devenir le nouvel épicentre mondial de la pandémie.
"Nous constatons une très forte accélération du nombre de cas aux Etats-Unis", a expliqué une porte-parole de l'organisation. Les Etats-Unis comptaient mardi soir plus de 700 morts et de 53.000 cas officiellement déclarés de Covid-19, selon le comptage de l'université Johns Hopkins, qui fait référence.
La ville de Miami en Floride, où de nombreux jeunes continuaient à faire la fête la semaine dernière, ignorant les consignes de précaution, a à son tour imposé mardi un confinement obligatoire à ses 470.000 habitants.
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Dans l'Etat de New York, "le taux de nouvelles infections double tous les trois jours", a prévenu son gouverneur Andrew Cuomo. L'épidémie pourrait y connaître son summum "d'ici 14 à 21 jours", soit plus tôt que prévu. Les autorités fédérales ont ainsi appelé les habitants ayant fui récemment la région de New York, pour éviter la contagion, à observer une quarantaine de deux semaines pour empêcher tout risque de contamination. Cet Etat de près de 20 millions d'habitants se prépare donc au pire et continue de réclamer au gouvernement fédéral du matériel médical, à commencer par des respirateurs par milliers.
Il a aussi revu à la hausse le besoin de lits d'hôpitaux supplémentaires, à 140.000, alors qu'un premier hôpital de secours doit être opérationnel d'ici environ huit jours à Manhattan. Malgré cette course contre la montre, le président des Etats-Unis a donc confirmé sans détour un nouveau changement de ton distillé ces derniers jours.
Après s'être dit "en guerre" la semaine dernière contre cet "ennemi invisible", Donald Trump renoue avec ses propos initiaux, lorsqu'il était accusé par nombre d'experts de minimiser la menace. Il a ainsi recommencé à comparer la pandémie actuelle à la grippe saisonnière. "On perd des milliers et des milliers de personnes chaque année à cause de la grippe, et on ne met pas le pays à l'arrêt", a-t-il affirmé lors de son long entretien sur Fox News.
"On peut détruire un pays en le fermant de cette façon", a-t-il estimé, ajoutant qu'une "grave récession ou une dépression" pourraient faire plus de morts que l'épidémie, notamment si la crise économique devait entraîner "des suicides par milliers". Dans la soirée, la Maison Blanche a par ailleurs annoncé que sa porte-parole, Stephanie Grisham, reviendrait mercredi, le résultat de son test au Covid-19 étant négatif.