Sous le ciel étoilé de Laâyoune, les faisceaux lumineux des projecteurs transpercent la nuit du désert. Sur le vaste chantier du futur viaduc de l’oued Sakia El Hamra, le bruit des machines se mêle aux rafales du vent saharien. Les ouvriers, casques vissés sur la tête, s’activent sans relâche dans un ballet mécanique parfaitement orchestré. C’est ici, au cœur de ce décor à la fois rude et majestueux, que se construit le plus long pont du Royaume- une prouesse d’ingénierie et un symbole de l’ambition marocaine.
Long de près de 1,7 kilomètre pour un coût estimé à 1,38 milliard de dirhams, ce viaduc routier s’inscrit dans le cadre du nouveau modèle de développement des provinces du Sud et du projet royal de la voie express Tiznit–Dakhla. Sa livraison est prévue pour juillet 2027.
Sur place, Le360 a accompagné les équipes pour constater la progression des travaux, déjà réalisés à 30 %. «Le chantier avance conformément au calendrier prévu», déclare Mbarek Fencha, directeur central du projet de la voie express Tiznit–Dakhla, en désignant les piliers géants qui émergent du lit de l’oued. «Les fondations s’enfoncent jusqu’à 50 mètres sous terre et s’élèvent à une hauteur similaire. Au total, l’ouvrage atteindra 1.700 mètres de long. C’est une véritable fierté nationale, une vitrine d’ingénierie qui relie le Maroc à sa profondeur africaine», ajoute-t-il.
Le viaduc de l’oued Sakia El Hamra constitue l’un des maillons majeurs du projet de la voie express Tiznit–Dakhla, aujourd’hui achevé dans son intégralité. Lancé par le roi Mohammed VI lors de sa visite à Laâyoune en 2015, ce chantier royal vise à désenclaver les provinces du Sud et à stimuler leur développement économique.
«Nous avons réussi à respecter les délais malgré des conditions particulièrement difficiles, notamment pendant la pandémie de Covid-19 et face aux défis du désert– les vents, le sable, la chaleur et l’aridité», explique Fencha. «Le projet comprend plusieurs ouvrages d’art, des zones de repos et un système de signalisation complet, garantissant sécurité et confort aux usagers», ajoute-t-il.
Avec des travaux même de nuit, le chantier du viaduc de l'Oued Sakia El Hamra a atteint un taux d'avancement de 30%. (H.Yara/Le360)
Selon lui, cette infrastructure stratégique joue déjà un rôle moteur dans la transformation économique du Sud marocain. «La voie express a contribué à attirer de nouveaux investisseurs, particulièrement à Laâyoune, qui s’impose aujourd’hui comme un pôle économique majeur», précise-t-il. Il cite parmi les réalisations récentes la modernisation de l’aéroport Hassan Ier, la création de la faculté de médecine et de pharmacie, de la Cité des métiers et des compétences, ainsi que la construction du futur centre hospitalier universitaire, dont les travaux touchent à leur fin.
À quelques mètres de là, un autre responsable veille au bon déroulement des opérations nocturnes. Mohammed Belfarhounia, chef d’aménagement des travaux de construction du viaduc, détaille l’organisation millimétrée mise en place pour tenir les délais. «Nous avons instauré un système de rotation continue avec trois équipes qui se relaient jour et nuit. Environ 160 ouvriers travaillent chaque nuit et nous avons déjà dépassé le million d’heures de travail cumulées», déclare-t-il.
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La nuit, le chantier prend des allures de ville éphémère. Des lampes puissantes inondent la zone d’une lumière blanche, tandis que les générateurs ronronnent pour alimenter les installations. «Nous veillons à offrir aux ouvriers des conditions de travail sûres et confortables», confirme Belfarhounia. «Malgré les vents et le climat désertique, les équipes font preuve d’une discipline exemplaire et d’une précision technique remarquable», conclut-il.
Ainsi, au fil des nuits et des jours, le viaduc de l’oued Sakia El Hamra prend forme, colonne après colonne, comme un trait d’union entre deux rives. Plus qu’un simple ouvrage d’art, il symbolise l’audace d’un Maroc tourné vers l’avenir, qui relie le Nord au Sud, mais aussi le pays tout entier à son ancrage africain. Véritable pont du développement et de l’unité, il incarne la volonté du Royaume, sous la conduite du roi Mohammed VI, d’ériger des infrastructures modernes au service de la cohésion nationale et de la prospérité partagée.













