Il était prévu que les prix à la pompe enregistrent une hausse durant les premiers jours du mois de mars. Mais il n’en est rien et aucune augmentation n’a été observée dans les stations-service, indique le quotidien Les Inspirations Eco qui ajoute que la tendance devra être la même pour le mois de ramadan. Les prix du carburant stagnent ainsi depuis un mois et demi.
Cité par le quotidien, Mostafa Labrak, expert en énergie et directeur général d’Energysium, le statu quo s’explique par la conjoncture, marquée par une baisse sérieuse du pouvoir d’achat. «Cet élan (de solidarité, NDLR) se poursuit surtout que le mois de Ramadan est à nos portes. Et comme le pouvoir d’achat a été affaibli par l’inflation, les sociétés d’hydrocarbures ont pris en compte le volet social, surtout que ce secteur a fait couler beaucoup d’encre», explique l’expert en énergie aux Inspirations Eco.
Le Groupement des pétroliers du Maroc (GPM) se dit non autorisé à communiquer sur l’évolution des prix du carburant et renvoie la balle au Conseil de la concurrence. Or, Ahmed Rahhou, son président, avait déjà précisé que le Conseil n’agissait pas sur les prix, sa principale mission étant le contrôle. L’amende transactionnelle qui concerne 9 sociétés, impose à ce dernières de fournir un reporting trimestriel au Conseil de la concurrence sur l’état des achats, du stock, l’évolution et la variation du marché international ainsi que les répercussions sur les prix au niveau du marché national, et ce, pendant trois ans, le temps que le secteur s’inscrive dans la conformité.
«Néanmoins, ces sociétés ne grignoteront pas sur leurs marges éternellement. Il est certain qu’elles finiront par répercuter cette hausse, laquelle pourrait être répartie sur l’année. Mais, pour l’heure, c’est le statu quo. Sur ce plan, à en croire les professionnels, le mois de jeûne devrait se passer dans de bonnes conditions, à moins qu’une explosion des prix ne survienne à l’international», souligne Les Inspirations Eco. À ce sujet, la tension sur les cours du baril continue de s’exercer. En effet, l’évolution de la situation actuelle n’est pas de bon augure.
En dehors des tensions géopolitiques qui s’intensifient, notamment au Moyen-Orient, la décision de l’Opep de prolonger ses coupes pour doper les cours de pétrole pèse de tout son poids. Cette récente décision se prolonge jusqu’à la mi-2024. Comme la demande mondiale demeure atone, les pays producteurs ambitionnent de soutenir des cours minés par l’incertitude économique. C’est ainsi que l’Arabie Saoudite a décidé de sabrer son volume d’un million de barils par jour (bpj) durant la période allant d’avril à juin.
La Russie en a fait de même, avec une extension à hauteur de 471.000 bpj. D’autres pays producteurs ont emboîté le pas aux pays piliers du cartel, en serrant les vannes pour trois mois supplémentaires. Résultat des courses, dans la perspective des prolongations de ces coupures, le prix du baril avait bondi pour atteindre les 80 dollars. Face à ces conditions, la situation risque de se corser, comme l’affirme Mostafa Labrak, lequel s’attend à une augmentation des prix à l’international de par la demande de la Chine qui demeure morose. De plus, l’arrivée du printemps est synonyme de croissance de la consommation, ce qui implique une augmentation des prix.