La prévision d’Allianz Trade est pour le moins inquiétante. Dans la dernière mouture de son Indice mondial d’insolvabilité des entreprises sur la période 2020-2024, la filiale du géant allemand de l’assurance avance que 13.000 entreprises marocaines devraient mettre la clé sous la porte en 2023. S’il se réalise, ce nombre s’inscrirait en hausse de 5% par rapport à l’année 2022 (12.937 défaillances) et établirait surtout un nouveau record absolu des faillites d’entreprise dans le Royaume. Car même au plus fort de la crise sanitaire, en 2021, le pays ne comptait «que» 10.552 cas de dépôts de bilan, en hausse de 59% par rapport à 2020. Maigre consolation: l’effectif des entreprises défaillantes devrait stagner en 2024.
Si cette projection se confirme, le Maroc compterait alors plus de 56.000 entreprises en faillite entre 2020 et 2024. Un chiffre inquiétant qui, une fois de plus, que les séquelles du Covid-19 sont encore bien perceptibles dans les bilans de santé du tissu économique marocain.
Évolution du nombre de défaillances d’entreprises au Maroc entre 2020 et 2024 (Allianz Trade)
Nombre de défaillances | Année |
---|---|
6620 | 2020 |
10.552 | 2021 |
12.937 | 2022 |
13.000 | 2023 |
13.000 | 2024 |
On s’en doute, le cas du Maroc est tout sauf isolé. Selon la note de recherche d’Allianz Trade, le nombre de faillites devrait augmenter, au niveau mondial, de 21% en 2023 et de 4% en 2024. Aux États-Unis, 20.000 entreprises (+49%) seraient ainsi concernées, et 7.800 le seraient en Chine (+4%), notamment à cause des difficultés que connaît le secteur de la construction dans l’Empire du Milieu. L’Europe n’est pas non plus épargnée. La France devrait enregistrer 59.000 cas de faillite en 2023 (+43%), contre 28.500 cas pour le Royaume-Uni (+16%), 17.800 cas en Allemagne (+22%) et 8.900 cas en Italie (+24%).
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D’après les auteurs de ce rapport, les principales causes de cette hécatombe sont la faible croissance de l’économie mondiale, la pression prolongée sur la rentabilité, le durcissement des conditions de financement et l’affaiblissement des réserves de liquidités. Autant de facteurs qui mettent à rude épreuve la résilience des entreprises, particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME) et les très petites entreprises (TPE). «Le nombre de faillites pour les entreprises ayant plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires est désormais légèrement supérieur aux niveaux d’avant la pandémie. La construction, le commerce de détail et les services sont les secteurs les plus touchés», indique le rapport.
Ce record de défaillances d’entreprises au Maroc était plus ou moins attendu, si l’on se fie aux données publiées en janvier 2023 par le cabinet Inforisk, qui tablait sur 12.937 faillites en 2022. Les TPE composeraient l’écrasante majorité des cas (99,2% de cas), le reste étant le fait de PME (0,7%) et de grandes entreprises (0,1%). Les secteurs du commerce (33% des défaillances), de l’immobilier (21%), du BTP (15%) et du transport (8%) seraient les plus touchés, alors que sur le plan géographique, c’est l’axe Casablanca-Rabat-Tanger qui concentre le plus de défaillances (41%), suivi de Marrakech (7%), Fès (6%) et Agadir (4%).