La crise commerciale s'enlise entre les Etats-Unis et la Turquie et elle aura inévitablement des répercussions sur la géographie des échanges commerciaux.
La production turque cherche de nouveaux marchés et se dirigera sans aucun doute vers l'Europe, accessoirement la Russie, les pays du Golfe ou l'Asie centrale. Pour l'heure, les restrictions commerciales de part et d'autre ne concernent que certains produits comme les métaux et les articles métalliques. Ce qui a priori ne devrait pas toucher les produits “made in Morocco”.
Mais si demain la crise venait à s'aggraver et le boycott américain élargi à d'autres produits, cela pourrait comporter de réelles opportunités. Malheureusement, cela pourrait aussi apporter son lot de menaces pour les produits marocains.
C'est notamment le cas pour le textile et les produits agricoles, agroalimentaires ou encore les produits de la mer. En 2017, les importations américaines en provenance de Turquie se sont élevées à quelque 10 milliards de dollars US, soit environ 90 milliards de dirhams. L'essentiel de ces importations est constitué de voitures légères et de pièces automobile, pour un volume d'environ 4 milliards de dollars mais aussi de produits en relation avec l'industrie des réacteurs nucléaires pour 940 millions de dollars.
Derrière ces produits, qui ne touchent pas directement le Maroc, on retrouve aussi des produits pour lesquels, en revanche, les entreprises marocaines ont des positions à prendre. En 2017, les importations de textiles turques sur le marché américain, tous produits, articles et filières confondus (à l'exception du cuir), ont atteint 13 milliards de dollars. En 2017, les exportations de produits textiles marocains sur le marché américain n'ont pas dépassé les 40 millions de dollars, autrement dit, dix fois moins que ce que fait la Turquie.
Le Maroc pourrait également saisir l'opportunité du retrait turc sur les produits agricoles à base végétale ou animale ainsi que les produits de la mer. En 2017, pour toute cette famille de produits, le marché américain a importé de la Turquie l'équivalent de 12 milliards de dollars.
La menace majeure pour le Maroc reste le besoin pour les producteurs turcs de chercher à compenser leurs pertes sur le marché américain par d'autres marchés. Le marché européen pourrait être leur cible, ce qui risque très sérieusement de concurrencer le “made in Morocco”.