Taux directeur: Bank Al-Maghrib maintient le cap avant 2026

Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib.

Revue de presseÀ la veille de son dernier Conseil de l’année, Bank Al-Maghrib devrait confirmer son taux directeur à 2,15%. Une décision prudente, favorisée par une inflation historiquement basse et des finances publiques mieux calibrées, qui vise à préserver la stabilité économique tout en préparant la transition vers un régime de ciblage de l’inflation en 2026. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 14/12/2025 à 19h37

Alors que l’économie nationale accélère son rythme et que l’inflation atteint un niveau historiquement bas, le débat sur le taux directeur revient au cœur des préoccupations monétaires. À la veille du dernier Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) de 2025, prévu le 16 décembre, les anticipations se resserrent. Citant BMCE Capital Global Research (BKGR), le quotidien Les Inspirations Eco souligne dans son édition du 15 décembre que «les perturbations persistantes en mer Rouge allongent les trajets maritimes de plus de 7.400 km, ce qui alourdit les coûts logistiques, tandis que les marchés agricoles restent sensibles aux chocs climatiques». Parallèlement, la Banque centrale doit tenir compte d’un déficit public estimé à -3,9% du PIB en 2025, puis à -3,4% en 2026, une amélioration qui contribue à stabiliser les anticipations et réduit la probabilité d’un resserrement monétaire immédiat.

«Dans ce contexte, l’hypothèse d’un statu quo sur le taux directeur est privilégiée», écrit Les Inspirations Eco. Cette position permettrait à Bank Al-Maghrib de préserver une marge de manœuvre avant la transition vers un régime de ciblage de l’inflation prévue en 2026. La baisse du taux débiteur moyen au troisième trimestre, à 4,85%, soit 36 points de base de moins sur un an, illustre un environnement encore fragile mais porteur. Le marché obligataire confirme cette détente, bien qu’un léger aplatissement de la courbe ait été observé ces dernières semaines, lié à des pressions budgétaires temporaires.

La croissance marocaine s’inscrit dans une trajectoire ascendante, avec +3,8% en 2024 et +4,6% en 2025, portée par la vigueur des secteurs non agricoles et un cycle d’investissement public soutenu. Pour 2026, la Banque centrale prévoit +4,4 %, tandis que BKGR ajuste ses propres prévisions à +5%, sur la base d’indicateurs globalement favorables. Cette dynamique reste cependant dépendante de la normalisation de la demande extérieure et de la performance agricole, dont la valeur ajoutée pourrait progresser de 5% en 2025.

Sur le plan des finances publiques, le déficit est contenu à 55,5 milliards de dirhams à fin octobre, mieux que les prévisions de la loi de finances, ce qui offre à Bank Al-Maghrib davantage de visibilité. Le recul marqué de l’inflation, tombée à 0,1% en octobre 2025, son plus bas niveau depuis mars 2021, renforce l’argument en faveur du statu quo. L’inflation sous-jacente recule également, à -0,2% sur un an. BKGR met néanmoins en garde contre des risques susceptibles d’inverser cette tendance, notamment les perturbations logistiques et la compensation du gaz butane, qui pourrait exercer une pression sur les ménages et les prix intérieurs.

Ainsi, le maintien du taux directeur à 2,15%, après huit baisses successives depuis 2024, apparaît comme une décision prudente mais stratégique. Cette approche, qualifiée de «statu quo de raison» par BKGR, vise à consolider les acquis, à renforcer la crédibilité de la transition monétaire et à maintenir un équilibre délicat entre soutien à l’activité et maîtrise des risques, tout en préparant le terrain pour la nouvelle architecture monétaire de 2026.

Par La Rédacation
Le 14/12/2025 à 19h37