Taux directeur de BAM: une nouvelle baisse n’est pas à exclure en décembre prochain, voici pourquoi

Le siège de la Banque centrale du Royaume, à Hay Riad, à Rabat. 

Le siège de la Banque centrale du Royaume, à Hay Riad, à Rabat.  . DR

Après deux baisses successives de son taux directeur aux premier et deuxième trimestres 2020, suivies d’une pause au troisième trimestre, Bank Al-Maghrib pourrait procéder à une nouvelle baisse lors de sa prochaine réunion en décembre, selon Attijari Global Research (AGR). Explications.

Le 15/11/2020 à 09h17

L’incertitude autour de la situation sanitaire et les pressions qui en découlent sur les finances publiques, alimentent les anticipations haussières sur les taux obligataires, estime Attijari Global Research dans un note récente sur le budget de l’Etat intitulée «Trésor: un recours intensifié au marché domestique».

Selon la filiale dédiée à la recherche du groupe Attijariwafa bank, cette hausse des taux obligataires est d’autant plus attendue que les conditions de financement à l’international s’annoncent moins favorables en 2021, après le mouvement d’abaissement des notations souveraines de plusieurs pays émergents y compris le Maroc. A cet effet, le Trésor devrait s’orienter davantage vers le marché domestique, au moins sur le prochain trimestre.

En conséquence, «face à cette nouvelle orientation haussière des taux, une nouvelle baisse du taux directeur de Bank Al-Maghrib (BAM) en décembre prochain est un scénario à ne pas exclure. L’objectif étant de soutenir davantage la relance de l’économie marocaine à travers un financement à faible coût», soulignent les experts d’AGR.

Tensions à la hausse sur les taux obligatairesL'argumentaire d'AGR se base sur une analyse du besoin de financement brut du Trésor. Celui-ci devrait s’établir, d’ici la fin de l’année 2020, à 45,8 milliards de dirhams. Ce montant comprend le reliquat de financement du déficit budgétaire ainsi que les arriérés du Trésor estimés par la Loi de finances rectificatives 2020 à 26,7 milliards de dirhams, sans oublier les tombées (soit les remboursements d'emprunts) du Trésor restantes à fin 2020, réalisées exclusivement sur le marché intérieur, à hauteur de 19,1 milliards de dirhams.

«Tenant compte du durcissement relatif des conditions de financement à l’international, nous avons revu à la baisse le recours du Trésor au marché extérieur. Ce dernier ne devrait pas dépasser, selon nos propres estimations, les 14 milliards de dirhams d’ici la fin de l’année. Par conséquent, l’argentier de l’État devrait intensifier son recours au marché intérieur», peut-on lire dans la note.

Le recours du Trésor au marché intérieur devrait ainsi s’établir à 31,9 milliards de dirhams, soit 16 milliards de dirhams en moyenne d’ici la fin d’année. Dans ce sens, la pression sur les finances publiques devrait, à priori, orienter à la hausse les niveaux des taux de rendement primaires.

Une dette extérieure qui reste contenueConcernant les indicateurs d’endettement de l’Etat, AGR indique que dans un contexte marqué par un creusement du déficit budgétaire à fin 2020, la hausse de la dette du Trésor devrait se poursuivre pour atteindre 831 milliards de dirhams en 2020.

La dette intérieure devrait dépasser 640 milliards en 2020, en hausse de 9,3% par rapport à son niveau observé en 2019, tandis que la dette extérieure devrait augmenter de 17,4%, passant de 161,5 en 2019 à 189,6 milliards de dirhams en 2020. La dette extérieure devrait représenter 22,8% de la dette globale du Trésor en 2020, contre une moyenne de 21,4% durant la période 2017-2019.

Toutefois, nuance AGR, «en dépit de la montée en charge du marché extérieur, le poids de la dette extérieure dans l’endettement global du Trésor en 2020 demeure en ligne avec son benchmark de référence. Celui-ci s’établit à 25%-75% entre endettement extérieur et intérieur».

© Copyright : AGR

La dette du Trésor s’envoleLa mise en place d’une politique budgétaire expansionniste figure parmi les impératifs majeurs visant à contrer les effets négatifs de la crise sanitaire. A cet effet, le Trésor déroge à son orthodoxie budgétaire, entamée depuis 2012, afin de faire face à cette crise inédite, observent les experts de la recherche d’Attijariwafa bank.

Par conséquent, le taux d’endettement du Trésor devrait dépasser selon nos le seuil des 78% en 2020 contre 64,9% en 2019. Celui-ci aurait déjà atteint 75,7% en octobre 2020.

Rapporté au PIB, l’endettement intérieur devrait croître de 9,4 points, passant de 50,9% en 2019 à 60,3% en 2020. Pour sa part, le taux d’endettement extérieur devrait avoisiner le seuil des 18% du PIB en 2020 contre 14% en 2019.

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Le prochain conseil de la banque centrale doit se tenir le 15 décembre prochain. Le taux directeur de BAM est actuellement de 1,5%.

Par Amine El Kadiri
Le 15/11/2020 à 09h17