«Le port marocain talonne de près son concurrent espagnol». C’est en tout cas ce que nous apprend l’Economiste, dans son édition du 27 février 2015. Entre concurrence, complémentarité et projets d’extension, le quotidien francophone compare l’activité de ces deux titans, chiffres à l’appui. Ainsi, on apprend qu’en 2014, le port espagnol d’Algésiras -1er port d’Espagne, 7ème port mondial- a bouclé l’un des meilleurs exercices de ses dernières années, après une stagnation quasi-totale. En effet, celui-ci a atteint 4,5 millions de conteneurs, ce qui équivaut à une hausse d’environ 5% par rapport à l’année précédente. Un chiffre nettement supérieur aux 3 millions de conteneurs que TangerMed a enregistrés au cours de la même année, et pourtant …. Et pourtant, le taux de croissance d’Algésiras demeure trois fois moindre. En cause ? Une véritable saturation des installations actuelles, alors que le voisin d’en face (TangerMed) est encore jeune, dynamique et bourré de potentiel. D’ailleurs, annonce le journal économique, TangerMed devrait battre à plate couture le port espagnol dès 2016, notamment grâce à l’entrée en service de TangerMed II, qui pourrait bien tripler la capacité pour atteindre 8,5 millions de conteneurs.
A chacun son point fort
Au niveau du tonnage global cependant, c’est Algesiras qui tient le haut du pavé. Alors qu’il a avoisiné les 42 millions de tonnes en 2014 à Tanger, celui du port espagnol a atteint la barre des 95 millions. Un fossé numérique dû à la structure et aux rôles attribués à chacun des deux ports. Effectivement, l’activité première de TangerMed demeure le transbordement, bien loin devant l’import-export -le port de Casablanca restant la porte d’entrée principale pour le commerce marocain- . Selon l’Economiste, il s’agit principalement de céréales, de bobines et de tôles dont les industries liées à l’automobile participent à la montée en charge du port. Algesiras de son côté, représente le port de référence pour les importations et exportations en direction de l’Asie et des Amériques. Mais ce n’est pas tout, il est également un port leader en matière de transbordement, avec plusieurs dizaines d’années d’avance sur TangerMed.
Autre point dans cette bataille des chiffres, le trafic Roro. Algésiras a assuré le transit de 276.000 camions Tir, soit 9% de croissance par rapport à 2013. Cependant, une part non négligeable de ce trafic a été traitée par le port de TangerMed qui a accueilli 220.000 unités, le reste ayant opté pour Sebta. Même au niveau du «transit humain» (des passagers), Algesiras remporte cette guerre haut la main, puisqu’il a traité 5,3 millions de personnes, ce qui représente plus du double réalisé par le port marocain. Ce qui n’empêche pas pour autant TangerMed, malgré ses performances plus modestes, d’assurer une croissance rapide du côté marocain.
Après la concurrence, la complémentarité ?
Au-delà de la compétition, les deux géants du Détroit travaillent aussi main dans la main et ont tout intérêt à développer cette coopération. Celle-ci est notamment remarquable dans le domaine du transport Tir et passagers. C’est également le cas dans le transbordement «où les nouvelles connexions maritimes attirées par TangerMed donnent de la visibilité et de la valeur ajoutée à tous les ports voisins dans le Détroit», conclut l’Economiste.