Si elle cherchait à se faire remarquer dans le royaume, l’Association panafricaine des raffineurs de pétroles (ARA) aura bien réussi son coup en élisant Jamal Ba-Amer comme nouveau président.
Lundi 14 mars à Marrakech, à l’occasion de son assemblée générale tenue en marge de l’ARA Week 2016, les membres de l’association ont nommé le directeur général de la Samir à la tête de l’association. Une drôle de surprise lorsque l’on connait le contexte que vit actuellement le raffineur Samir et que beaucoup rapportent à des défaillances dans la gestion de son président ces dernières années.
Mais selon des sources proches du secteur pétrolier, cette élection n’a finalement rien d’anormal. «La Samir a toujours été un sponsor de premier plan des événements qu’organise l’ARA. De plus, Jamal Ba-Amer vient d’enchainer deux mandats en tant que vice-président de l’association». Quoi de plus normal donc de le voir escalader les échelons pour arriver à la tête de l’organisation, même si l’entreprise qu’il représente n’est pas certaine de pouvoir éviter une liquidation judiciaire dans les semaines à venir. «Même cela ne pose pas problème car les élections à l’ARA, c’est quasiment chaque année», ajoute notre source.
En d’autres termes, bien que le sort de la Samir reste incertain, Jamal Ba-Amer a toujours la légitimité de présider l’ARA et, dans le cas du pire des scénarios, il se fera remplacer à l’occasion de l’ARA 2017 si la liquidation de la Samir est prononcée d’ici là.
Sa nomination aujourd’hui sonne également comme une sorte de soutien de l’association pour celui qui faisait partie de ses principaux bailleurs de fonds. Mais qu’est ce que cela change concrètement pour le Maroc ?
En fait, à l’exception de la Samir, l’ARA n’a jamais suscité beaucoup d'intérêt dans le royaume. Preuve en est, ses événements et différentes manifestations, dont l’ARA Week 2016, où les officiels ne sont jamais présents. Pourtant, que ce soit au niveau de l’ONHYM ou du ministère de l’Energie, on reste très sensible aux grand-messes des pétroliers.
Pourquoi alors ce désintérêt pour l’ARA? Selon une source professionnelle du secteur pétrolier, c’est la crédibilité même de cette association qui est en jeu. Ce qui ne gêne pas trop les officiels. “Comme beaucoup d’événements d’associations, ceux de l’ARA sont surtout l'occasion pour de vieux amis de discuter et de débattre, mais sans pour autant prendre de décisions qui chambouleraient le secteur du raffinage sur le continent», souligne notre source. Il est vrai, que sur le papier, l’ARA a tout pour convaincre, en incluant parmi ses membres les plus grands raffineurs du continent (Samir, Sonatrach…). Mais en terme d’influence sur les décisions gouvernementales, cela reste difficile.
Du coup, nomination ou pas, de Jamal Ba-Amer à la tête de l’ARA, cela ne change absolument rien pour le Maroc qui, d’après les récentes déclarations du ministre de l’Energie, semble déjà prêt à se passer de la Samir.