Les récentes perturbations climatiques qui ont touché plusieurs régions du pays au cours des deux dernières semaines ont été rapidement instrumentalisées par certains parlementaires, issus de diverses formations politiques, y compris de la majorité, qui semblent s’être engagés prématurément dans des campagnes électorales. «Ces élus ont inondé Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, d’une série de questions écrites, principalement centrées sur l’état des ponts et autres infrastructures routières», relate le quotidien Assabah dans son édition du mercredi 31 décembre.
Plusieurs ponts du pays souffrent du vieillissement naturel des matériaux qui les composent et voient leur capacité de résistance diminuer, alors que le trafic routier augmente fortement et que le parc automobile s’est considérablement développé, tant en nombre qu’en poids, notamment pendant la saison hivernale coïncidant avec l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations dans le pays. «Certaines questions soulignent que plus de 400 infrastructures se trouvent dans un état de délabrement avancé, ce qui limite leur niveau de service et gêne la fluidité de la circulation. Parmi elles, 244 unités sont particulièrement étroites et 45 présentent des capacités de charge limitées», souligne Assabah.
Les parlementaires rappellent que les routes déjà détériorées restent exposées à une dégradation rapide, sous l’effet conjugué de la circulation accrue et des aléas climatiques, ce qui freine les efforts déployés pour améliorer l’état des infrastructures. Une étude citée dans ces questions estime que l’entretien du réseau routier national nécessiterait un budget annuel d’environ 3,5 milliards de dirhams, soit une augmentation de 1,5 milliard de dirhams par rapport aux crédits actuellement alloués par le ministère.
Pour sa part, le ministère de l’Équipement et de l’Eau a consacré 140 millions de dirhams à la résorption des points noirs sur certains axes routiers et 124 millions de dirhams pour achever l’amélioration du niveau de service sur 64 kilomètres de la route nationale n° 9, reliant Marrakech à Ouarzazate. Les travaux incluent également la poursuite du programme de signalisation horizontale et verticale, avec l’installation d’équipements de sécurité sur près de 5 500 kilomètres de routes classées, pour un budget de plus de 110 millions de dirhams. Par ailleurs, le ministère prévoit l’installation de dix nouveaux panneaux de signalisation électronique sur les axes sujets à de fortes précipitations ou à des coupures de circulation, pour un coût proche de 10 millions de dirhams.
Des sources au sein du ministère, citées par Assabah, affirment que le pays avait besoin d’une approche véritablement structurelle pour traiter les problèmes systémiques du secteur. Elles citent notamment les propos courageux du gouverneur de Bank Al-Maghrib, qui avait souligné la nécessité de lutter contre la corruption et de démanteler l’économie de rente, problématiques que le gouvernement semble négliger, donnant l’impression qu’elles n’existent pas.
Au Parlement, plusieurs voix ont également pointé l’absence de toute initiative concrète de lutte contre la corruption dans le secteur de l’Équipement et de l’Eau. Elles dénoncent une approche qui considère ces problèmes comme des incidents ponctuels, plutôt que comme la source de la plupart des difficultés rencontrées par le réseau routier et les infrastructures du pays.








