L’état des lieux du développement économique et social en Algérie, quarante-six ans après la nationalisation des hydrocarbures, révèle que le pays est encore loin du but et que l’économie est encore loin d’être diversifiée, affirme Nordine Aït-Laoussine, ancien ministre algérien de l’Énergie dans un entretien lundi 18 septembre au quotidien Liberté.
Dans une analyse sans concession et chiffres à l’appui, Aït-Laoussine explique que les données établies avant l’effondrement des prix du pétrole à partir de l’été 2014 montrent, en effet, que les revenus tirés des exportations algériennes d’hydrocarbures ont représenté, en moyenne, près de la moitié du produit intérieur brut (PIB), comparés à 25% en Norvège et qu’ils ont constitué, en moyenne, 95% des exportations totales de l’Algérie, comparés à 50% en Norvège.
"Force est de rappeler que si nous avons gagné la bataille du contrôle de nos richesses en hydrocarbures ainsi que la bataille de la récupération et de l’augmentation de la rente pétrolière, nous avons perdu celle du recyclage effectif et de l’utilisation efficace de cette rente", dit-il.
Pour lui, l’effet de diffusion et d’entraînement attendu de l’exploitation massive des hydrocarbures par le biais du recyclage de la rentre pétrolière n’a donc pas joué, faisant observer qu’à partir des années 1980, la rente a été presque exclusivement canalisée vers le soutien de la consommation aux dépens de l’investissement productif et de la diversification de l’économie nationale.
C’est, ajoute-t-il, au début des années 2000 que les méfaits de l’économie rentière ont commencé à être dénoncés et que la référence à la "malédiction du pétrole" a gagné du terrain, plus particulièrement à l’occasion du débat national sur le projet de loi sur les hydrocarbures de 2003.
Aït-Laoussine souligne, sur un autre registre, qu’au train où vont les choses, c’est-à-dire au rythme actuel de la production (près de 200 MTEP), le solde des réserves disponibles qui est d’environ 4,3 milliards de TEP selon Sonatrach, sera totalement épuisé en l’espace d’une génération.
"Avec l’effondrement du prix du pétrole et la réduction drastique de leur budget d’investissement, les sociétés étrangères deviennent plus sélectives dans le choix des opportunités disponibles à travers le monde, notamment dans les pays qui ont modifié leur législation pétrolière ou sont en voie de le faire pour la rendre plus attrayante pour le privé comme le Mexique, l’Iran ou la Russie", poursuit-il avant de recommander la mise en place d’un cadre compétitif, non seulement en termes de fiscalité pétrolière, mais aussi en termes de sécurité des investissements et de fluidité du processus de décisions de l’environnement administratif.