Pêche maritime: dénonciation de certaines institutions aux prétentions outrageantes et sans légitimité

L'emblème de la Confédération marocaine des armateurs et industriels de la pêche pélagique (COMAIP) Dakhla, représentante du segment de la pêche industrielle et des unités à terre de valorisation des petits pélagiques dans la région de Dakhla-Oued Eddahab.

La Confédération marocaine des armateurs et industriels de la pêche pélagique (COMAIP), qui représente le segment de la pêche industrielle et les unités à terre de valorisation des petits pélagiques actifs dans la région de Dakhla-Oued Eddahab, est interpellée suite aux multiples allégations qui sont loin d’être ponctuelles et dont l’objectif est de dévaloriser et de jeter un discrédit sur notre activité. Dissimulant à peine des convoitises et des velléités de déconstruire les règles mises en place grâce à la stratégie Halieutis prônant la durabilité, la performance et la compétitivité.

Le 28/05/2024 à 10h49

Voici le texte intégral du communiqué de la Confédération marocaine des armateurs et industriels de la pêche pélagique (COMAIP):

«La stratégie Halieutis a posé avec intelligence les fondements permettant l’activation de la transition d’une activité basée sur la rente vers une économie de performance et de promotion du développement régional avec des retombées mesurables escomptées au profit de la communauté et des intérêts stratégiques du pays.

En effet, notre segment, porteur d’un projet phare de la stratégie, est lié à travers des cahiers des charges avec l’État, faisant ainsi évoluer le schéma classique de l’attribution d’une licence de pêche en contrepartie d’une taxe annuelle vers la réalisation de projets intégrés terre-mer. Le navire n’étant qu’un maillon dans la chaîne qui doit aboutir à un produit fini valorisé, à terre, de manière optimale et dont les retombées sur l’emploi et la dynamique d’activités connexes est une exigence impérative, demandant de la part des investisseurs des apports capitalistiques considérables.

L’objectif étant de créer, grâce au rattachement des navires à la zone de pêche adjacente et à la domiciliation de la valorisation dans la région un écosystème permettant le développement socio-économique de la région, la stabilité de l’emploi et une responsabilisation directe des investisseurs quant à la durabilité de la ressource conditionnant le maintien de leurs investissements à terre.

Ainsi, ce déploiement a été la clé de voûte de la reconstruction industrielle de la ville de Dakhla en contribuant à plus de 40% du PIB régional, mais surtout en créant des emplois qualifiés et nombreux qui permettent d’avoir des activités pérennes dans la ville alors que jusque-là les espèces exploitées ne favorisaient que des emplois opportunistes qui disparaissaient vers le nord dès que la saison se terminait.

Ce choix stratégique a pu atteindre les objectifs escomptés et a été souligné par Sa Majesté le Roi qui a bien voulu le relever en ces termes dans son discours de commémoration de la marche verte du 6 novembre 2022: «S’agissant du volet économique, réputé être le principal catalyseur du développement, un ensemble de projets ont été menés à bien dans le cadre de la filière de mise en valeur et de transformation des produits halieutiques. Ainsi des milliers d’emplois ont-ils pu être créés et proposés aux habitants de la région».

Le contexte est celui de la réussite de ce projet phare de la stratégie Halieutis. Ainsi, au lieu d’une évaluation objective des acquis de l’expérience pour l’amélioration de la politique d’aménagement. Et plutôt que l’extension aux autres pêcheries de la mesure de rattachement des navires à une zone de pêche déterminée (réglementation sur le zoning), comme c’est le cas pour les RSW, aucune recherche des véritables causes de dégradation d’autres pêcheries n’est effectuée.

Dans cette cacophonie, des voix qui cherchent à tirer leur influence de l’importance de leurs cris, s’élèvent et rappellent à bien des égards la fameuse fable de la fontaine de la «grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf».

En effet, la fédération des chambres des pêches maritimes, qui est une association créée sous le régime du dahir n° 1-58-376 réglementant le droit d’association, et qui ne peut en aucun cas se substituer aux chambres des pêches maritimes qui sont des établissements publics créés en application de dispositions constitutionnelles, a transgressé toutes les règles légalement instituées et son objet découlant de ses statuts.

Pour rappel, la structure juridique des chambres des pêches maritimes créées en 1997 n’a pas évolué depuis, et se trouve par conséquent en déphasage avec l’évolution de la gouvernance du secteur et de la stratégie d’encadrement en continuant à marginaliser les forces économiques et en posant comme seul critère la propriété d’un navire de pêche ou une part indivise quel que soit son tonnage, sachant que le terme navire regroupe toutes sortes d’unités de l’embarcation au navire industriel.

Il est permis de croire, à ce propos, que les chambres des pêches maritimes devraient subir la déferlante conquérante de l’économique sur le politique que connaît heureusement le Maroc de Sa Majesté Mohammed VI.

Sans doute, les agissements de la fédération des chambres des pêches maritimes se substituant à l’autorité de l’État et bénéficiant d’une certaine proximité avec l’autorité gouvernementale de tutelle, associée à une méconnaissance des textes et des rôles a créé auprès de cette institution des prétentions qui auraient normalement dû alerter la tutelle tant elles sont à contre-courant de la légalité et de la gouvernance marquée nécessairement par la définition claire des rôles et par la recherche de la performance.

Usurpation de rôle et faux arguments

Ainsi par souci de transparence et de soif de compréhension face à des dysfonctionnements sans précédent, la COMAIP, membre à part entière de la Commission de suivi des petits pélagiques instituée conformément aux dispositions de l’article 11 du décret n°2-18-722, relatif aux plans d’aménagement et de gestion des pêcheries et, qui prévoit également la consultation des chambres des pêches maritimes et non de leur fédération, considère qu’il serait sain de répertorier un certain nombre de questions suite au report par le Département de la Pêche maritime de la réunion et de la commission pour non remise des données scientifiques et des initiatives prises:

- Est-ce que la Fédération des chambres des pêches maritimes est habilitée à inverser les rôles, dans un courrier adressé à la secrétaire générale du département des Pêches en date du 10 mai 2024, et instruire cette dernière de l’organisation de la réunion de la commission de suivi des petits pélagiques dans les locaux de l’INRH pour la date du 13 mai 2024?

- Peut-on en toute transparence envisager une réunion sectorielle sans inviter les principaux opérateurs de ce segment?

- Une fédération assurant la coordination entre les différentes chambres des pêches maritimes d’après ses statuts et par conséquent censée les fédérer et rapprocher les points de vues entre segments concurrentiels composant ces chambres devait-elle, en période de crise de la ressource, attiser les dissensions entre les segments concurrentiels qu’elle est censée fédérer?

- Le timing et les mobiles de la campagne de décrédibilisation soudaine d’un plan d’aménagement parrainé par Sa Majesté dans le cadre de la stratégie Halieutis et validé scientifiquement par les experts de la FAO posent question;

- Pourquoi la fédération n’évalue jamais les impacts des méthodes de pêche et la transhumance des navires sans rattachement à une pêcherie déterminée, tous segments confondus, sur l’état de la ressource?

- A-t-elle mesuré l’impact des allégations sur l’avenir de l’économie de la région de Oued Eddahab Dakhla et celles du plan d’aménagement des petits pélagiques qui porte également un volet éminemment politique ?

La réponse à toutes ces questions s’impose d’elle-même. Si tout ceci a été fait de manière délibérée, c’est grave, mais si cela a été fait inconsciemment cela devient encore plus grave. La fédération des chambres des pêches maritimes a donc estimé qu’elle pouvait se substituer autant à l’administration qu’aux chambres des pêches maritimes elles-mêmes.

Cette rencontre chez l’INRH qui s’est vite transformée en réquisitoire a finalement dévoilé que la manœuvre in fine était celle d’ une action préméditée destinée à s’adjoindre une onction scientifique pour faire porter à un segment du secteur la responsabilité de tous les maux, mais, ironie du sort, la subjectivité qui enveloppe l’action a ôté à l’énoncé scientifique toute sa vertu.

En effet l’INRH, car c’est de lui qu’il s’agit rechigne depuis un certain temps à remettre les données à l’administration. Cette tâche importante qui relève des obligations de l’INRH et qui est impérativement exigée par la loi est occultée par un ballet de missions du navire scientifique marocain auprès de différents pays africains allant même jusqu’à vouloir s’approprier la terminologie de «diplomatie scientifique». Certes cet argument aurait forcé l’admiration si la cause défendue était juste et que les outils scientifiques nationaux étaient mis à la disposition de nos frères africains après avoir rempli leurs obligations auprès des pêcheurs marocains, car «charité bien ordonnée commence par soi-même».

Malheureusement, au lieu que l’expert prenne le pas sur le militant, la subjectivité a pris le pas sur la rigueur scientifique marginalisant le respect de l’intérêt général que se doit d’avoir tout commis de l’État.

En somme, cette confusion sans précédent dans l’accomplissement des missions et des rôles entre les institutions publiques et la société civile, cette désorganisation des tâches entre le prioritaire et l’accessoire ainsi que cette volonté illégitime de se substituer à l’État en bouleversant la hiérarchisation des institutions ont créé des prétentions outrageantes auprès de nous acteurs du secteur. Certains estiment même que l’éclairage des chiffres est souvent distillé de telle manière qu’il puisse influer sur le processus de décision, et ce pour des raisons qui n’ont rien à devoir à l’objectivité.

Dès lors, se posent en fait deux problèmes majeurs: le premier est celui de la ou les personnes qui commettent cette impéritie, le deuxième est celui de l’indifférence institutionnelle qui l’accompagne.

Les conséquences ne se sont pas fait attendre: les problèmes des professionnels s’amoncellent et s’aggravent causant cette déstructuration du secteur. Cependant, nul n’est dupe : toutes ces manigances de certaines personnes en disent long sur leurs échecs économiques, leur manque de légitimité, leur absence de vision et surtout de leur quête de boucs émissaires».

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Le 28/05/2024 à 10h49