Jeudi 1er décembre, les 11 millions de citoyens qui bénéficiaient jusqu’ici du Régime d’assistance médicale pour les économiquement démunis (RAMED) ont rejoint le régime de l’Assurance maladie obligatoire de base (AMO) dédié aux assurés et aux membres de leurs familles à charge. Dans les faits, il y aura fort à faire, souligne Les Inspirations Eco dans son édition du vendredi 2 décembre.
Le basculement sera progressif. 3,7 millions de citoyens auraient basculé vers l’AMO de manière automatique. «Pour le reste, certaines actions seront nécessaires, notamment en ce qui concerne la gestion des doubles immatriculations. La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) procédera au contrôle et au retrait des personnes dont le droit est ouvert à la couverture médicale, soit en tant que travailleurs salariés, soit en tant que travailleurs non salariés (TNS)».
Pour Al Mountacer Charif Chefchaouni, professeur de pathologie chirurgicale et gestionnaire hospitalier à Rabat, il faudra du temps pour que tout soit au point. Si la CNSS s’est préparée pendant 9 mois, il faut s’attendre à une période de rodage pour le lancement effectif de cette opération. Cité par le quotidien, cet expert affirme que les mieux lotis seront probablement les «ex-remadistes relatifs» ayant un pouvoir d’achat qui leur permet de payer à l’avance leurs frais médicaux avant de se faire rembourser dans le privé.
Pour le secteur public, poursuit le professeur, le défi est de taille. Si demain, tous les bénéficiaires de l’AMO se ruaient vers les hôpitaux privés, l’hôpital public pourrait être confronté à une baisse de fréquentation et à une tension de trésorerie. Il faudra donc améliorer l’offre de soins et la qualité du service dans le public pour ne pas «laisser filer» les patients.
Selon Al Mountacer Charif Chefchaouni, le public a deux ans pour relever son plateau technique afin d’être compétitif, dans un contexte de pénurie de moyens et de médecins. «Rappelons que le déficit en personnel de santé est estimé à un peu plus de 32.000 médecins et 65.000 infirmiers. Tout le défi réside dans la capacité à gérer la variable financière au niveau des établissements de santé, tout en assurant un meilleur maillage géographique sanitaire», relève Les Inspirations Eco.
Que l’on se rassure, les pouvoirs publics semblent prendre le problème au sérieux. En effet, le gouvernement a lancé une refonte du système de formation des médecins visant à réduire la durée des études de base en médecine de sept à six ans, notamment.