Fini le temps où l'Etat utilisait la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) pour secourir des projets stratégiques en difficulté, sans se soucier de leur rentabilité. Désormais, la rentabilité sera une priorité pour le groupe.
C’est du moins ce que l’on peut déduire de la première grande sortie médiatique d’Abdellatif Zaghnoun, directeur général de la CDG depuis sa nomination, même s’il ne l'a pas dit explicitement.
En présentant les nouvelles orientations stratégiques du groupe, Abdellatif Zaghnoun a longtemps insisté sur la nécessité pour la CDG de sécuriser les fonds, les pérenniser, mais surtout, de les «rentabiliser». Cette dernière condition va désormais avoir plus de poids dans le choix des projets dans lesquels investira le groupe.
La nouvelle stratégie a dans ce sens prévu trois nouveaux modes d’intervention complètement distincts et qui diffèrent de celui d’«opérateur» qui rendait la CDG responsable de toute la chaîne de valeur des projets. Aujourd’hui, la CDG peut intervenir selon un mode «expert», ce qui signifie que le groupe se voit confier des projets pour en assurer la maîtrise d’ouvrage.
La CDG compte également intervenir comme «co-financeur», en contribuant au financement de projets à valeur ajoutée dans les secteurs cibles du groupe. Ce mode va surtout permettre aux régions de prétendre à un accompagnement financier de la part de la CDG à travers la mise en place de lignes de refinancement à disposition des institutions financières. Les PME sont aussi concernées dans la mesure où est prévu le développement de produits de garantie permettant à ces entreprises de mieux accéder au financement.
Enfin, le troisième mode d’intervention retenu dans le cadre de la nouvelle stratégie est celui d'investisseur à part entière. Selon les explications d’Abdellatif Zaghnoun, cela consiste en un lancement de projets permettant le développement d’un tissu productif dans un secteur à fort potentiel. Cela permettra aussi à la CDG de jouer un rôle de stabilisateur de l’investissement étranger en prenant des participations dans des projets initiés par des étrangers. Concrètement, il s’agit de renforcer la dynamique d’investissements dans de nouveaux secteurs essentiels à la diversification du modèle de croissance du pays, comme l’industrie agroalimentaire, les nouvelles technologies ou encore les énergies renouvelables. Le principal objectif sera de favoriser l’émergence de nouveaux acteurs nationaux, d'agir de manière proactive dans la structuration et de faire émerger des projets à impact structurant sur différentes filières.
La nouvelle stratégie prévoit, par ailleurs, des investissements minoritaires en partenariat avec des acteurs des filières ciblées. «Ces nouveaux modes permettent de gagner en capacité d’intervention, de faire jouer l’effet de levier et de mieux gérer les risques du groupe», assure le DG de la CDG.
C’est donc une nouvelle page qui se tourne à la CDG avec l’espoir qu’une rupture avec la stratégie du passé permette au groupe de mieux contribuer au développement socio-économique du pays.